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Mariage entre deux grands de la presse suisse

Keystone

Le groupe zurichois Tamedia, éditeur entre autres du Tages Anzeiger et le bernois Espace Media Group, propriétaire du Bund et de la Berner Zeitung, annoncent jeudi leur fusion.

Le nouveau groupe deviendra ainsi le numéro deux de la presse en Suisse, derrière l’alémanique Ringier, mais devant le romand Edipresse. Objectif de l’opération: développer des synergies et lancer de nouveaux projets.

Dans la pratique, c’est Tamedia qui reprend 80% du capital-actions d’Espace Media. Le prix d’achat s’élève à 205 millions de francs en liquide ainsi qu’à 600’000 actions Tamedia issues d’une augmentation prévue de capital.

En contrepartie, les détenteurs majoritaires d’Espace Media obtiennent une participation dans Tamedia.

Les deux groupes entendent ainsi renforcer le savoir-faire dans le domaine rédactionnel, de l’édition et de la technique. L’idée est aussi de profiter de synergies pour développer de nouvelles formes de coopération systématiques, avec le lancement de nouveaux projets médiatiques dans les domaines de l’imprimé, du multimédia et sur Internet.

Deux radios à vendre

En raison de la nouvelle loi sur la radio-TV, qui limite le nombre de concessions radio à deux par fournisseur, les deux entreprises sont contraintes de céder chacune une radio privée.

Tamedia va mettre en vente la bâloise Radio Basilisk avant la fin 2007 et Espace Media cherche un nouveau partenaire pour la radio biennoise Canal 3. La radio zurichoise Radio 24 et le diffuseur bernois Capital FM seront en revanche dans le giron du nouveau groupe.

Syndicat inquiet

La transaction sera soumise à la Commission de la concurrence (Comco), qui devra examiner si la fusion crée une position dominante. Directeur de la Comco, Rafael Corazza a déclaré que la commission allait analyser l’affaire «de près».

Pour le syndicat Comedia, la concentration dans les médias et l’impression en Suisse prend une dimension inquiétante avec ce rachat. Comedia demande à Tamedia de garantir la diversité des sites, des médias et l’indépendance entre eux.

Le syndicat fera tout pour que l’offre médiatique et les emplois ne soient pas sacrifiés sur l’autel du profit. Ces dernières années, les reprises de groupes par Tamedia ont débouché sur des suppressions d’emplois massives.

Patron de Tamedia, Martin Kall n’était pas en mesure de préciser jeudi si l’opération entraînera des suppressions d’emplois.

S’exprimant à la Radio alémanique, le ministre de la communication Moritz Leuenberger a estimé que la diversité d’opinions dans le paysage médiatique suisse n’est pas menacée.

Il y a selon lui assez d’entreprises ou de médias électroniques n’appartenant pas à Tamedia. Il regrette certes l’affaiblissement de l’autonomie régionale, mais rappelle qu’une entreprise de presse forte peut aussi favoriser un journalisme de qualité.

Danger pour la pluralité

Professeur de communication et de science des médias à l’Université de Berne, Roger Blum a des sentiments partagés. «C’est un développement inévitable qui représente un certain danger pour la pluralité de l’opinion, mais ce n’est pas une mauvaise nouvelle pour la qualité de la presse écrite», a-t-il indiqué à swissinfo.

Ce spécialiste des médias est heureux que les groupes restent en mains suisses, vu que «les médias suisses sont très proches de la démocratique suisse et des questions qui y sont liées». En revanche, il s’inquiète de la baisse du nombre de médias en Suisse, un phénomène qui «ne peut que déboucher une limitation de l’opinion, des commentaires et de l’analyse».

Juste derrière Ringier

Espace Media Groupe et Tamedia sont liés depuis des années par des participations croisées.

Tamedia devient ainsi le numéro deux de la branche. Avec un chiffre d’affaires consolidé de base de quelque 971 millions, il devance désormais le lausannois Edipresse, qui a dégagé l’an dernier un chiffre d’affaires de 886,8 millions.

Numéro un du marché helvétique, Ringier a enregistré quant à lui des ventes de 1,33 milliard de francs (+6,5%). Alors que Tamedia et Ringier ont vu leur bénéfice grimper, celui d’Edipresse s’est replié de près de 20% à 30,1 millions de francs l’an dernier.

swissinfo et les agences

Basé à Zurich. Propriétaire de 14 journaux et quatre périodiques, dont le quotidien Tages Anzeiger, l’hebdomadaire dominical SonntagsZeitung, les gratuits 20 Minuten et 20 Minutes et l’hebdomadaire Facts.

Le groupe possède également la télévision TeleZüri et deux radios, Radio 24 et Radio Basilisk.

En 2006, il réalise un chiffre d’affaires de 723,6 millions de francs (+11%) pour un bénéfice de 98,4 millions (+23%).

Basé à Berne. Propriétaire de huit journaux, dont les plus importants sont les quotidiens Berner Zeitung et Bund, et de trois revues, dont la Revue automobile.

Le groupe possède également la télévision TeleBärn et deux radios, Capital FM et Canal 3.

En 2006, il réalise un chiffre d’affaires de 250 millions de francs(-4,5%) pour un bénéfice de 17,6 millions (-6,4%).

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