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Emmanuel Macron pour la première fois chez le pape François

Le pape et le président français Emmanuel Macron, qui se voyaient pour la première fois, se sont quittés, tout sourire, et en s'étreignant à plusieurs reprises. KEYSTONE/EPA AP POOL/ALESSANDRA TARANTINO / POOL sda-ats

(Keystone-ATS) Le président français Emmanuel Macron a rencontré mardi matin pour la première fois le pape François. Cette rencontre à l’apparence très chaleureuse était centrée sur la question des migrants à l’heure où ce dossier déchire les Européens.

M. Macron est ressorti de son tête-à-tête dans la bibliothèque du somptueux palais pontifical au bout de 57 minutes. Il s’agit du plus long entretien jamais accordé par le pape argentin à un chef d’Etat ou de gouvernement.

Le président français n’a toutefois pas battu le record absolu de son prédécesseur François Mitterrand, resté une heure et quart en tête-à-tête avec Jean Paul II. Il est en revanche resté plus longtemps que son prédécesseur français François Hollande (35 minutes). Et il aura dépassé par exemple les présidents américains Barack Obama (50 minutes) et Donald Trump (30 minutes).

Il a été rejoint à la fin de son entretien privé par son épouse Brigitte, en robe noire discrète, ainsi que par une délégation d’une douzaine de personnes dont son ministre de l’Intérieur Gérard Collomb.

Complicité

Le président français a offert au pape une édition en italien de 1949 du « Journal d’un curé de campagne » de Georges Bernanos, écrivain catholique fervent que son hôte apprécie beaucoup. Le pape lui a remis une médaille en bronze de Saint Martin et les textes phares de son pontificat.

Fidèle à son image d’homme appréciant les contacts physiques, le président français a posé la main sur l’épaule du pape dans un geste étonnamment complice et les deux hommes se sont embrassés sur la joue avant de se quitter.

Avant cette rencontre, Emmanuel Macron avait pris son petit-déjeuner avec la communauté de laïcs catholiques Sant’Egidio. Ell est très impliquée dans l’accueil de migrants, et organise des « couloirs humanitaires » acheminant des réfugiés syriens en Europe, dont la France.

« Le président Macron a mentionné les corridors humanitaires comme modèle de politique d’immigration légale, surtout pour les personnes qui ont besoin de protection humanitaire », a commenté après sa rencontre Andrea Riccardi, fondateur de Sant’ Egidio et ex-ministre italien.

A couteaux tirés

Un temps envisagés, des contacts avec les autorités italiennes ne sont finalement pas au programme de cette visite au Vatican.

Emmanuel Macron est à couteaux tirés avec le gouvernement italien, notamment avec son ministre de l’Intérieur Matteo Salvini qui ne cesse de fustiger son « arrogance » et sur le dossier des migrants. Le nouveau pouvoir a déclaré la guerre aux ONG positionnant leurs bateaux au large des côtes libyennes.

Le pape interpelle régulièrement les dirigeants de l’UE pour qu’ils maintiennent des idéaux fondateurs comme « la solidarité ». S’il fustige souvent « les populismes qui prospèrent à partir de l’égoïsme », François s’est abstenu jusqu’à présent de commenter les annonces du nouveau gouvernement italien, au pouvoir depuis le 1er juin.

Chanoine d’honneur

Baptisé à 12 ans dans la foi catholique, ancien élève d’un collège jésuite où il a rencontré son épouse Brigitte, son ancien professeur alors femme mariée, Emmanuel Macron se définit aujourd’hui comme « agnostique ».

Le président français vient aussi à Rome chercher son titre de « premier et unique chanoine d’honneur » de la cathédrale du pape, une tradition remontant au 17e siècle et au roi Henri IV.

Le président Macron devrait s’abstenir prudemment mardi après-midi de tout discours sur le terrain miné de la laïcité.

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