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EPFL: quand le champignon joue à l’imprimante 3D écologique

En agglomérant les copeaux de bois, le mycélium du champignon permet de fabriquer des briques, des panneaux ou toutes sortes d'objets. Le produit ainsi obtenu possède des caractéristiques similaires au polystyrène expansé. Alain Herzog/EPFL sda-ats

(Keystone-ATS) Avec du mycélium de champignons et de la sciure, il est possible de faire croître un matériau biodégradable susceptible de remplacer le plastique. A l’EPFL, des étudiants ont adapté la recette et testent ses propriétés.

Partie souterraine des champignons, le mycélium est connu pour sa capacité à agglomérer des substrats tels que des copeaux de bois. Selon le moule employé, il peut fabriquer une brique, un panneau, un objet design, un meuble ou des chips d’emballage, a indiqué lundi l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) dans un communiqué.

Huit étudiants se sont pris de passion pour ces filaments à faire pousser soi-même, potentiellement capables de remplacer le plastique. “Notre projet est né d’une rencontre entre des étudiants en ingénierie de l’environnement et en architecture à la recherche d’une alternative originale et innovante aux matériaux polluants”, raconte Gaël Packer, membre du groupe Mycelium, Design et Architecture (MD&A), cité dans le communiqué.

Comme une imprimante 3D

La substance à base de déchets est en effet facile à produire, biodégradable en trois mois, légère et bon marché. Il suffit de mycélium, de substrat et de temps.

Il faut d’abord cultiver en milieu stérile ou pasteurisé ces “racines” de champignon, mélangées au substrat et nourries de farine et d’eau. Compter ensuite une bonne semaine pour que le mélange épouse la forme du moule.

Enfin, cuire à basse température afin d’arrêter la croissance et figer la forme. Il en résulte un bloc léger, de basse densité, solide et résistant. Comme s’il avait été construit par une imprimante 3D.

Version locale

Dans un esprit d’indépendance autant que d’écologie, les étudiants ont concocté une version locale de la recette, à base de mycélium de pleurotes communes et de fibres de chanvre jurassien. Ensuite, en collaboration avec plusieurs laboratoires de leur haute école, ils ont effectué des tests d’isolation thermique et d’absorption acoustique, de compression et de résistance à l’eau et au feu.

Résultats: le pouvoir d’isolation thermique est comparable à celui d’autres isolants, le matériau supporte facilement le poids d’un être humain, flotte, est étanche et résiste relativement bien au feu. Les tests sont encore en cours concernant l’absorption phonique.

Même si des essais plus approfondis sont nécessaires, ces résultats sont jugés “extrêmement prometteurs” et montrent que ce matériau possède des caractéristiques similaires au polystyrène expansé. Il est certainement possible d’améliorer ses propriétés en travaillant la recette tant au niveau du substrat que de la nourriture, selon les étudiants.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

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