Equateur: nouveau président élu dans un contexte de violence inédit
Les Equatoriens ont commencé à voter dimanche pour choisir entre le président sortant Daniel Noboa et sa rivale de gauche Luisa Gonzalez lors du second tour de la présidentielle, dans un pays miné par la violence. Le scrutin s'annonce très disputé.
(Keystone-ATS) Les électeurs affluaient dans la matinée vers les bureaux de vote, gardés par militaires et policiers, pour un scrutin qui s’annonce très disputé. En milieu de journée, le taux de participation était de 41%, selon le Conseil national électoral (CNE).
Luisa Gonzalez, avocate de 47 ans et dauphine de l’ancien dirigeant socialiste Rafael Correa (2007-2017), figure clivante en Equateur, aspire à devenir la première femme à diriger le pays. Daniel Noboa, entrepreneur millionnaire de 37 ans, espère gouverner quatre ans de plus, après avoir gagné par surprise les élections anticipées d’octobre 2023 convoquées par son prédécesseur Guillermo Lasso.
Le scrutin, qui a débuté à 07h00 locales pour les 13,7 millions d’électeurs concernés par le vote obligatoire, doit prendre fin à 17h00 locales (minuit en Suisse).
Accusations de fraude
Après un premier tour où moins de 17.000 voix séparaient les deux candidats, Daniel Noboa a immédiatement dénoncé de « nombreuses irrégularités », des soupçons rejetés par les observateurs internationaux présents sur place.
Luisa Gonzalez a pour sa part accusé le gouvernement « d’actions désespérées » visant à manipuler les procès-verbaux de l’élection.
« Nous devons rejeter fermement le discours sur la fraude, les accusations sans preuve non seulement nuisent à cette institution, mais minent également la confiance envers la démocratie elle-même », a averti dimanche la présidente du Conseil national électoral, Diana Atamaintl.
Si le résultat est serré, celui qui l’emportera aura des problèmes de « légitimité » et de gouvernabilité avec « la moitié du pays contre lui », souligne le politologue Simon Pachano.
Libre-échange
Dans la station balnéaire d’Olon, sur la côte pacifique, un imposant déploiement des forces de l’ordre a accueilli Daniel Noboa. A la sortie du bureau de vote, installé dans une école, pas un mot pour la presse, pas une poignée de main pour les sympathisants. Juste un sourire et un bras levé avant de remonter dans son véhicule, toujours sous haute protection.
Héritier d’un magnat de la banane, Daniel Noboa incarne l’élite politique équatorienne issue du monde de l’entreprise, promeut les concessions privées dans des secteurs stratégiques et des accords de libre-échange.
Luisa Gonzalez vante des dépenses accrues dans les infrastructures et services publics dans un pays en récession, endetté, frappé par la pauvreté.
Plus de sécurité
M. Noboa exploite sur les réseaux sociaux son image de jeune dirigeant tenant d’une ligne dure en matière de sécurité, marquée par l’envoi de militaires dans les rues et dans les prisons, une politique sécuritaire dénoncée par des organisations de défense des droits humains.
Mme Gonzalez promet également la sécurité, mais un plus grand respect des droits humains. Elle s’affiche comme une femme simple, mère célibataire qui s’est faite toute seule, une sportive amatrice de tatouages.
Transformation brutale
Ces dernières années, le pays andin de 18 millions d’habitants a connu une transformation brutale. Ses ports sur le Pacifique, son économie dollarisée et sa position entre Colombie et Pérou, les deux plus gros producteurs mondiaux de cocaïne, ont fait de l’Equateur une plaque tournante du trafic de drogue.
La guerre entre cartels a conduit à l’assassinat d’un candidat à la présidence en 2023, à la prise de contrôle de prisons par des groupes criminels et à une attaque armée début 2024 contre une chaîne de télévision. Tout cela dans une économie endettée et chancelante.
Autrefois considéré comme un oasis de tranquillité dans une région troublée, l’Equateur a connu en 2025 le début d’année le plus sanglant de son histoire récente: chaque heure, une personne est tuée.