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Etats tiers: Genève, Zurich et Bâle pour une hausse des contingents

Candidat au Conseil fédéral, le ministre genevois de l'économie s'est dit "inquiet" de la détérioration des conditions cadre de l'économie. "Nous avons un message à faire passer", a-t-il déclaré (archives). KEYSTONE/URS FLUEELER sda-ats

(Keystone-ATS) Genève, Zurich et Bâle-Ville ont besoin de davantage de main-d’oeuvre venue des Etats dits “tiers”. Leur contingent annuel s’est déjà épuisé en début d’année. Les trois cantons exigent une hausse des contingents, soit le retour au niveau de l’année 2014 (8500 unités).

L’économie et la recherche doivent pouvoir recourir à des spécialistes en provenance des Etats qui ne font pas partie de l’Union européenne. La mise en oeuvre de l’initiative de l’UDC sur l’immigration et une meilleure utilisation de la main-d’oeuvre qualifiée indigène n’y change rien.

“La pénurie devient de plus en plus aiguë, alors que la demande reste constamment élevée”, a expliqué Carment Walker Späh (PLR), ministre zurichoise de l’économie, aux côtés de ses deux homologues face aux médias réunis à Zurich.

“Une hausse des contingents est indispensable.” Et d’évoquer notamment les besoins de Zurich en tant que pôle européen de l’innovation digitale, et ceux de l’EPFZ en particulier. “Il nous faut les meilleurs talents, peu importe leur provenance.”

La situation est alarmante: jamais les contingents de permis de séjours (B) et de permis de courte durée (L) des trois cantons n’ont été épuisés aussi rapidement que cette année. C’est le cas depuis le 18 janvier à Bâle-Ville, depuis le 22 février à Genève et depuis fin mars à Zurich.

Maudet: “plus possible comme ça!”

Une grande partie des permis attribués en 2017 répond en effet à des demandes datées de l’année précédente, après l’épuisement des contingents 2016, précise le ministre genevois Pierre Maudet (PLR). Au-delà du contingent de base de 83 permis B et 133 permis L, Genève a dû, comme Zurich et Bâle-Ville, faire appel à des unités supplémentaires, puisées dans les réserves de la Confédération. Elle y a pour l’instant prélevé 349 permis B et 151 permis L.

Les réserves fédérales seront toutefois épuisées cet automne, estiment les trois ministres. Ensuite ce sera le “souk” des contingents entre les cantons, comme le qualifie Pierre Maudet, ceux en pénurie priant ceux qui n’épuisent pas leur contingent de leur en “donner” une partie. Autre effet pervers selon le Genevois, beaucoup de permis L sont uniquement attribués dans l’attente d’un permis B. “C’est juste pas possible de fonctionner comme ça!”

Incertitudes dangereuses

Le faible niveau actuel des contingents génère des incertitudes, ce qui n’est pas favorable au développement de la place économique suisse. Elles nuisent même à celui des cantons de Genève, Zurich et Bâle-Ville qui représentent un tiers de la performance économique helvétique.

Les branches innovantes comme les technologies de l’information, la finance, les sciences de la vie, la pharma, le trading ou les technologies propres, mais aussi l’horlogerie, doivent pouvoir recruter en temps voulu suffisamment de main-d’oeuvre en provenance des Etats tiers, insistent les trois cantons. Le reste du pays en profite aussi, à travers la péréquation financière notamment, rappelle Pierre Maudet.

En l’absence de contingents suffisants, les entreprises réfléchissent à l’avance si certains projets peuvent être menés à l’étranger plutôt qu’en Suisse, déplore le ministre de Bâle-Ville Christoph Brutschin (PS). Le risque augmente aussi que des entités renoncent à venir en Suisse.

“Message fort à faire passer”

Inquiet de la “détérioration lente mais certaine” des conditions cadre de l’économie, Pierre Maudet a insisté sur ce “message fort à faire passer” à la Confédération. Dans une allusion à sa candidature au Conseil fédéral, le libéral-radical a ajouté qu’il espérait “encore mieux le faire passer le mois prochain”.

Les trois ministres adressent trois requêtes à la Confédération. Ils demandent, premièrement, une augmentation (+1000 unités) du nombre total des contingents, le but étant de revenir au moins au niveau de l’année 2014. Ils réitèrent ainsi une revendication que l’Union patronale suisse a déposée en juin.

Deuxième requête: une simplification de l’accès aux contingents fédéraux pour les cantons qui en sont régulièrement tributaires. Enfin, il faut instaurer la possibilité d’une augmentation des contingents en cours d’année, en fonction des besoins.

Le Conseil fédéral avait réduit les contingents, au 1er janvier 2015, de 8500 à 6500. La pénurie qui s’en est suivie l’a incité, l’automne dernier, à augmenter les contingents de 15% pour 2017, soit à 7500 unités.

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