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Swissair: le coup de gueule des syndicats

Depuis la manifestation à Berne le 4 octobre, les syndicats continuent à donner de la voix. Keystone Archive

Les syndicats ont demandé jeudi au Conseil fédéral d'agir pour éviter que la débâcle de Swissair ne se transforme en catastrophe sociale.

Alors qu’une partie des personnes licenciées ne recevront pas leur salaire durant le délai de résiliation, les syndicats craignent aussi un effondrement des activités annexes.

Sur les 4400 salariés licenciés par Swissair Group en Suisse, environ 2000 l’ont été avec effet immédiat. Ils travaillaient pour les unités en sursis provisoire – Swissair, Swisscargo, Cargologic, Flightlease -, et pour les services centraux du groupe.

Ces personnes ne toucheront plus de salaire après celui d’octobre, en raison d’une décision du commissaire provisoire, l’avocat Karl Wüthrich.

Dans une lettre aux salariés du groupe, le commissaire explique, en substance, que le paiement des salaires durant le délai de résiliation entre en conflit avec l’obligation de n’avantager aucun créancier.

Ces montants qui, selon le code des obligations, sont dus, feront partie des prétentions privilégiées lors de la liquidation des actifs du groupe.

Le problème touche aussi les 370 ex-salariés de Swissair Group au bénéfice d’une retraite anticipée, qui ne devraient plus toucher les prestations que leur doit Swissair Group dès octobre.

Dans son communiqué de mercredi soir, Swissair Group indique être à la recherche d’une solution «adéquate».

Chômage dès novembre

La réaction des syndicats a été immédiate. Ils se sont dits indignés, même si l’assurance-chômage versera dès novembre 70 à 80% de leur salaire aux personnes concernées.

Devant la presse réunie jeudi à Glattbrugg (ZH), René Zurin, du SSP, a critiqué le fossé entre les milliards de francs réunis pour financer la nouvelle Crossair et les personnes laissées sur le carreau.

«La Confédération doit aussi résoudre les questions sociales et lancer une opération de financement, comme elle l’a pour la nouvelle Crossair», a plaidé René Zurin. Concrètement, il faut trouver 240 à 250 millions de francs pour assurer le paiement des salaires qui sont dus et un plan social.

Activités annexes

Au cours de leur conférence de presse commune, les syndicats du personnel au sol, le SSP, la Société suisse des employés de commerce (SSEC) et PUSH (Personal Union Swissair Holding) ont aussi tiré la sonnette d’alarme quant aux conséquences pour les activités annexes au transport aérien de l’incertitude sur le périmètre d’activités de la nouvelle Crossair.

Il faut immédiatement trouver 200 millions de francs pour soutenir ces activités, sans quoi elles risquent de s’écrouler. Quelque 15 000 emplois supplémentaires sont en grand danger. Sans compter que la mise en place de la nouvelle Crossair serait alors menacée, ce qui alourdirait encore la facture pour l’emploi.

«Eviter une escalade»

Quelque 500 millions de francs sont nécessaires, plan social compris, pour assainir SR Technics (maintenance des avions), Swissport (tri des bagages), Atraxis (informatique) et Gate Gourmet (restauration à bord). Sans cela, ces sociétés ne trouveront pas de nouveau propriétaire.

Les syndicats déplorent que l’économie, la Confédération et les cantons se renvoient la balle. Alors que le PS réclame des administrateurs et ex-administrateurs 700 à 800 millions de francs pour financer un plan social et les salaires, Daniel Vischer, du SSP, a mis en garde contre la rancoeur du personnel.

«Il faut éviter une escalade et que la mauvaise humeur ne dégénère en grève sauvage, ce qui mettrait en péril la nouvelle Crossair», a souligné le syndicaliste.

Du côté de Swissair Group, le ton était moins alarmant. Les personnes qui poursuivront leur travail continueront d’être payées.

L’argent vient des crédits de la Confédération destinés à maintenir l’activité et la vente des billets, a précisé le chef du personnel Matthias Moëlleney.

Swissair Group a ou va licencier quelque 4400 personnes en Suisse. Environ 1900 le seront dans les sociétés qui ne sont pas en sursis et 2500 dans les sociétés en sursis. Au total, 9000 emplois doivent disparaître dans le monde.

swissinfo avec les agences

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