Friburgo très «nova» à l'Expo
Le canton de Fribourg a ouvert le bal des «Journées cantonales», samedi à Morat. Avec la volonté de juxtaposer tradition, modernité... et accent brésilien.
Ciel gris, lac gris. L'après-midi, la pluie, fine et régulière. Et pourtant, une ambiance hilare et tonitruante sous le chapiteau fribourgeois: «Malgré la pluie, les Brésiliens nous ont apporté le soleil», commente Gérald Berger, le «Monsieur Expo» fribourgeois, par ailleurs chef des Affaires culturelles du canton.
Et d'ajouter: «Si nous avons invité Nova Friburgo comme hôte d'honneur, ce n'est pas que pour des raisons historiques (Nova Friburgo a été fondée en 1819 par des colons issus d'Estavayer, Ndlr). C'est aussi parce que les gens de là-bas ont un art de vivre, un sens extraordinaire de la communauté, de la famille. Des valeurs que nous avons peut-être perdues. Et cette solidarité, cette amitié ont été communicatives pendant l'acte officiel comme pendant le repas».
Samedi, au-delà des discours (notamment ceux du conseiller fédéral Joseph Deiss ou du président du Conseil d'Etat fribourgeois Pascal Corminboeuf), Morat et son arteplage ont donc vibré au doux mélange des cors des Alpes et des percussions, de chœurs d'armaillis et de saudades chaloupées.
«Fri Style» et «bivouacs culturels»
Slogan de la journée fribourgeoise: «Fri Style». Ode à la décontraction, donc, mais pas uniquement. Avec une vaste palette artistique, il s'agissait pour les autorités fribourgeoises de démontrer que la richesse culturelle de leur canton ne réside plus seulement dans les arts traditionnels, mais aussi dans un terreau moderne, professionnel et désormais bien ancré.
Les innombrables spectacles (musique, danse, théâtre) étaient répartis en sept lieux, sept «bivouacs culturels» pour reprendre la terminologie des organisateurs. Un mot à la résonance militaire? «Non. bivouac, c'est un terme qui vient du désert. C'est donc un clin d'œil, puisque il y a encore 20 ans, certains journalistes disaient que Fribourg était un 'désert culturel'», répond avec humour Gérald Berger.
Comédie musicale et pyrotechnie
Moment important de cette journée: la première représentation de la comédie musicale «Fantasma», un spectacle 100 % fribourgeois, précise-t-on avec fierté: composition de Max Jendly, livret de Denis Guelpa, mise en scène de Yann Pugin. L'histoire d'un patron de multinationale qui décide de commercialiser un téléphone permettant de communiquer directement avec Dieu...
«En 1981, Fribourg fêtait le 500e anniversaire de son entrée dans la Confédération. A cette occasion, il y avait eu un spectacle intitulé 'Terre de Fribourg', écrit par l'Abbé Kaelin, avec les meilleurs choeurs mixtes du canton. Aujourd'hui, cela s'appelle 'Fantasma', et c'est une opérette iconoclaste. Cela illustre ce qui s'est passé dans ce canton. Avant, c'était une culture commémorative. Aujourd'hui, c'est une culture déjantée», constate Gérald Berger l'œil réjoui.
Pour conclure cette première «Journée cantonale», un «feu d'artifice musical». Des notes signées par le compositeur fribourgeois Jacques Aeby, interprétées par la «Landwehr», et un monumental embrasement dû à Pierre Walder, un artificier qui illumine régulièrement les ciels de Genève, de Cannes ou de Montréal.
Mais qu'on se rassure: la fondue au vacherin sera toujours la fondue au vacherin.
swissinfo/Bernard Léchot

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