
Japon: 80 ans après 1945, l’empereur évoque une douleur historique

Des dizaines de milliers de Japonais ont afflué vendredi vers un sanctuaire controversé de Tokyo, 80 ans après la reddition du Japon en 1945. Non loin de là, l’empereur Naruhito exprimait son "profond regret" pour ce pan de l’Histoire.
(Keystone-ATS) Le sanctuaire shinto de Yasukuni, au centre de la capitale nippone, honore 2,5 millions de soldats morts depuis la fin du XIXe siècle, y compris des criminels de guerre condamnés.
Pour cette raison, les visites de responsables japonais suscitent régulièrement la colère des pays ayant souffert des atrocités militaires japonaises, en particulier la Chine et la Corée du Sud.
Cette année, le ministre de l’Agriculture Shinjiro Koizumi, possible prétendant au poste de Premier ministre, a fait le déplacement comme il le fait chaque 15 août, mais pour la première fois avec un statut de membre du gouvernement.
A quelques centaines de mètres de ce sanctuaire, l’Empereur a déclaré ressentir «un sentiment de tristesse profond et toujours présent» dans un discours solennel prononcé aux côtés de l’impératrice Masako.
«Mes pensées vont aux nombreuses personnes qui ont perdu leur précieuse vie lors de la dernière guerre et à leurs familles endeuillées», a déclaré le souverain de 65 ans.
«En réfléchissant à notre passé et en gardant à l’esprit les sentiments de profond regret, j’espère sincèrement que les ravages de la guerre ne se reproduiront jamais.»
Actions en faveur d’une paix durable
Le Premier ministre a lui promis «de préserver les douloureux souvenirs de la guerre… de les transmettre à travers les générations, et de poursuivre des actions en faveur d’une paix durable».
Malgré des températures supérieures à 30°C, la foule se massait autour du sanctuaire.
«Nous vivons à un moment où des guerres ont éclaté ou risquent d’éclater dans divers endroits, a déclaré à l’AFP Takashi Eguchi, un graphiste de 53 ans de Tokyo. Je suis venu ici pour revenir sur ce que le Japon a fait, y compris ses échecs.»
«Le temps viendra où les anciens combattants ne seront plus parmi nous. Je voulais poursuivre leur héritage», a expliqué M. Hanada, 39 ans et vêtu d’un uniforme de l’armée impériale japonaise. «Il faut regarder tous les aspects des guerres. De bonnes choses et de mauvaises choses se sont produites.»
L’Empereur Naruhito, Masako et leur fille, la princesse Aiko, devraient se rendre en septembre à Nagasaki pour rencontrer des survivants de la bombe atomique dévastatrice d’aôut 1945 et honorer les morts de la guerre.