La droite ne veut pas étendre les droits politiques des étrangers
L'UDC, le PLR et la Ligue vaudoise ont lancé jeudi à Lausanne leur campagne pour le "non" à l'initiative populaire visant à étendre les droits politiques des étrangers, soumise en votation dans le canton le 30 novembre. Ils s'opposent à la "création automatique de demi-citoyen" au lieu de favoriser la "naturalisation pleine et entière".
(Keystone-ATS) Cette initiative vise à étendre les droits de vote et d’éligibilité, au niveau cantonal, à toutes les personnes étrangères domiciliées dans le canton de Vaud depuis trois ans au moins et depuis dix ans au moins en Suisse.
Le 28 septembre dernier, la population vaudoise a déjà envoyé un signal négatif sur une même question au sujet du droit de vote pour les étrangers. Elle s’est exprimée contre un raccourcissement du délai d’attente des étrangers vivant dans le canton pour pouvoir voter et être élus au niveau communal, refusant qu’il passe de dix à cinq ans pour l’exigence de résidence en Suisse.
C’est le mouvement «Ag!ssons» qui avait récolté près de 14’000 signatures (sur 12’000 nécessaires) en 2023 pour pouvoir soumettre son initiative «Pour des droits politiques pour celles et ceux qui vivent ici» en votation. Avec divers mouvements ou ONG et partis vaudois, dont les Vert’libéraux, le POP, Ensemble à Gauche, le PS et les Vert-e-s, ils appellent «à soutenir une démocratie plus inclusive et représentative».
«Bricolage du droit de vote»
C’est tout l’avis contraire pour l’UDC Vaud, le PLR Vaud et la Ligue vaudoise. «La lutte contre le bricolage du droit de vote continue», a déclaré jeudi devant les médias Félicien Monnier, président de la Ligue vaudoise. Ce comité du «non» estime «qu’accorder le droit de vote cantonal aux étrangers après dix ans de résidence, sans naturalisation, reviendrait à brader la citoyenneté suisse».
«L’UDC s’oppose fermement à la création de demi-citoyens suisses», a affirmé pour sa part Sylvain Freymond, conseiller national et président de l’UDC Vaud. «Nous sommes pour une citoyenneté pleine, entière et assumée qui passe par le processus de naturalisation».
«Avec cette initiative, c’est l’assurance d’un système hybride difficile à comprendre pour la collectivité (…) Fragmenter la nationalité est inopportun et cette initiative brade nos droits politiques», a insisté Grégory Bovay, député et vice-président du PLR Vaud.
Le Grand Conseil recommande de rejeter cette initiative. Le Conseil d’Etat y est aussi défavorable. A noter que les personnes étrangères disposent du droit de vote sur le plan communal depuis 2003 dans le canton.
Autre «non»
Cette alliance de droite s’oppose par ailleurs à un autre objet soumis en votation le 30 novembre, soit le droit de vote des personnes sous curatelle générale en raison d’une incapacité durable de discernement. Elle estime que «la capacité de discernement est une condition absolue de l’exercice des droits politiques».
Le député UDC Valentin Christe a notamment argumenté qu’un mécanisme individuel existait déjà: toute personne peut demander la restitution de ses droits politiques sur la base d’un certificat médical. Plutôt que d’imposer une révision constitutionnelle générale, il faut privilégier des approches personnalisées et adaptées, a-t-il résumé.