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La Verte Béatrice Métraux va quitter le gouvernement vaudois

Béatrice Métraux va quitter le gouvernement vaudois l'été prochain (archives). KEYSTONE/JEAN-CHRISTOPHE BOTT sda-ats

(Keystone-ATS) Béatrice Métraux quittera le Conseil d’Etat vaudois le 30 juin prochain. En poste depuis bientôt dix ans, la ministre des Verts en charge de l’environnement et de la sécurité a annoncé vendredi matin qu’elle ne se représentait pas aux élections cantonales de mars.

L’ancienne syndique de Bottens a réservé la primeur de sa décision au journal régional de l’Echo du Gros-de-Vaud. “Je suis arrivée à la conclusion qu’il était temps de laisser ma place. C’est une décision 100% personnelle”, affirme-t-elle. A 66 ans, elle souhaite passer le relais “à la nouvelle génération.”

Béatrice Métraux est entrée au château Saint-Maire en janvier 2012 en tant que ministre de l’intérieur, après avoir remporté une élection complémentaire pour remplacer l’UDC Jean-Claude Mermoud, décédé en septembre 2011. Son élection avait permis à la gauche de prendre la majorité au Conseil d’Etat.

Majorité de gauche et féminine

La ministre écologiste a ensuite été réélue à deux reprises, en 2012 et 2017, sur un solide ticket rose-vert. Le scrutin cantonal de 2012 avait même conduit à une rare majorité féminine dans un gouvernement cantonal en Suisse, renouvelée cinq ans plus tard.

Au sein du gouvernement, Béatrice Métraux s’est notamment chargée des dossiers sécuritaires. Elle s’est par exemple attelée à augmenter la capacité et à moderniser le parc pénitentiaire vaudois, ainsi qu’à améliorer la coordination de la chaîne pénale.

Sur ce volet sécuritaire, Mme Métraux a été sous le feu des projecteurs lors du meurtre de Marie, tuée par un récidiviste en 2013. “J’y repense souvent”, reconnaît-elle dans l’interview accordée à l’Echo du Gros-de-Vaud. “Ça a été un échec du système, mais il a permis de réformer les relations entre les services médicaux et pénitentiaires, et de repenser la prise en charge des détenus”, estime-t-elle.

En plus de la sécurité, Béatrice Métraux a repris l’environnement en 2020. Elle y a fait avancer plusieurs dossiers, à commencer par l’élaboration du Plan Climat vaudois.

Critiquée par les jeunes Verts

Cette double casquette sécurité/environnement lui a toutefois valu des critiques. Et notamment à l’occasion de l’évacuation des zadistes du Mormont le printemps dernier. Les jeunes Verts vaudois avaient alors réclamé sa démission. Une nouvelle génération qui est “exigeante et a raison de l’être pour répondre aux défis climatiques”, affirme-t-elle.

Béatrice Métraux va laisser derrière elle 20 ans d’engagement politique. Avant d’accéder au Conseil d’Etat, elle a été municipale à Bottens de 2002 à 2012 et députée au Grand Conseil de 2007 à 2012, où elle a oeuvré comme cheffe du groupe des Verts.

Cette juriste de formation et Française d’origine – elle est née à Arcachon près de Bordeaux – est arrivée en Suisse en 1981. Lorsque l’heure de la retraite politique aura sonné l’été prochain, elle dit vouloir passer du temps avec sa famille, notamment avec son petit-fils et son mari, ancien inspecteur cantonal des forêts.

“Nous sommes encore tous les deux en pleine forme et nous allons sans doute beaucoup marcher. Je vais aussi lire, méditer et continuer à m’engager pour ce canton et ses habitants comme bénévole dans le milieu associatif”, explique-t-elle dans le journal local.

Appel à candidatures

Les Verts vaudois ont salué “les deux décennies d’engagement politique fort” de leur ministre “au service des idées et valeurs écologistes”. “Elle a su porter la voix de l’environnement et du climat au sein du Conseil d’Etat”, écrivent-ils.

Ils ont aussi détaillé le processus qui mènera à sa succession aux élections cantonales du 22 mars 2022. Le parti lance un appel à candidatures qui se terminera le 25 octobre. Une assemblée générale extraordinaire sera ensuite convoquée le 20 novembre pour définir la stratégie verte.

Aucun membre des Verts ne s’est encore annoncé partant. Un favori semble se dégager en la personne du député Vassilis Venizelos. Il a déjà laissé entendre par le passé son intérêt. Interrogé vendredi par Keystone-ATS, il n’a pas voulu faire part de son intention. Le moment est plutôt venu de rendre hommage à Mme Métraux, selon lui.

Autre papable, le député Raphaël Mahaim a indiqué à l’agence de presse qu’il ne sera pas candidat à la candidature. Il préfère se consacrer à son futur mandat au Conseil national à Berne, où il remplacera le démissionnaire Daniel Brélaz en mars prochain. Les Jeunes Verts vaudois ne présenteront pas officiellement de candidat, ont-ils confié.

Un seul candidat?

Interrogé par Keystone-ATS, le président des Verts Vaud, Alberto Mocchi, a pour sa part affirmé que la direction du parti était “plutôt favorable” à une seule candidature verte sur une liste commune avec le Parti socialiste au 1er tour.

Béatrice Métraux est la troisième membre du Conseil d’Etat à annoncer son départ, après les deux PLR Philippe Leuba et Pascal Broulis. L’autre PLR Christelle Luisier va, elle, se représenter. Il devrait en être de même, sauf surprise, des trois ministres socialistes en place Nuria Gorrite, Cesla Amarelle et Rebecca Ruiz.

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