Le Créa prévoit une faible croissance du PIB suisse cette année

(Keystone-ATS) La croissance du PIB de la Suisse n’atteindra que 0,8% en 2015, selon les estimations du Créa. Elle devrait remonter à 1,5% en 2016, ce qui reste inférieur à la croissance d’équilibre estimée à 1,8%. Le taux de chômage devrait augmenter dès la fin de cette année.

La forte appréciation du franc montre les premières conséquences sur le secteur exportateur qui a fortement ralenti au premier trimestre 2015, indique l’Institut de macroéconomie appliquée de l’Université de Lausanne dans un communiqué publié mercredi. Cette évolution négative était encore plus marquée en avril.

Commandes en baisse

Un sondage récent de Swissmem indique que les commandes venant de l’étranger ont baissé d’environ 20%. Même si les entreprises exportatrices ont diversifié leurs destinations, cela ne suffit pas à contrebalancer les effets négatifs liés à la force du franc.

L’indice export des PME est au plus bas depuis 2010 et se situe désormais dans la zone de décroissance. Environ 30% des PME s’attendent à une baisse de leurs exportations. Les importations devraient suivre le même chemin, suite au fort ralentissement de la demande intérieure.

Craintes pour l’emploi

La consommation des ménages a fléchi et l’indice de confiance se trouve en zone négative. Le Créa note en particulier la forte baisse du sentiment des ménages quant à la sécurité de l’emploi menacée par la dégradation du marché du travail dès la fin de l’année.

Dans l’industrie, la production a diminué de 0,5% au premier trimestre de 2015 et le chiffre d’affaires de 1,6%. L’indice des carnets de commandes s’est encore dégradé en avril.

Selon un sondage récent, neuf sociétés sur dix se disent impactées par la force du franc. Face à ces incertitudes, les investissements en équipements devraient stagner en 2015 avant de diminuer en 2016.

Quant à la production dans l’industrie de la construction, elle a baissé de 2,5% au premier semestre de 2015, par rapport au même trimestre de 2014. Les chiffres laissent prévoir une année difficile pour le secteur.

Vents contraires

Le marché du travail résiste pour le moment. Mais des vents contraires s’annoncent pour la fin de l’année, relève le Créa.

L’indice PMI de l’emploi est descendu à 42,1 points en avril, son niveau le plus bas depuis 2009. Même si en comparaison annuelle, la prévision nette d’emploi de Manpower est stable, une forte dégradation est toutefois relevée dans les PME.

L’indicateur des prévisions de l’évolution de l’emploi de l’Office fédéral de la statistique (OFS) a lui reculé de 1,5% par rapport à l’année passée. Au vu de l’évolution conjoncturelle, l’emploi devrait reculer vers la fin de l’année et enregistrer des taux de croissance bas en 2016.

Il s’ensuit que le taux de chômage augmentera probablement dès fin 2015. Les experts du Créa l’estiment à 3,4% en 2015, 4,1% en 2016 et 4,4% en 2017.

Inflation zéro

Le niveau général des prix devrait encore diminuer en 2015 et l’inflation devrait rester proche de zéro en 2016-2017. Les taux d’intérêt resteront bas en 2015-2016.

A titre de comparaison, l’institut BAKBASEL table sur une augmentation du PIB de 1% cette année. Le KOF zurichois prévoit une croissance de 0,2%, le Secrétariat d’Etat à l’économie de 0,9%. UBS la voit à 0,5 % et Credit Suisse à 0,8 %, selon des prévisions qui remontent pour certaines à plusieurs semaines.