Le festival propose un face-à-face avec l’image contemporaine
(Keystone-ATS) Crises identitaires, instabilités politiques et transitions écologiques: les photographies et les projets exposés à l’occasion de la 24e édition des Journées Photographiques de Bienne se penchent sur les enjeux de rupture qui préoccupent la société contemporaine.
De vendredi et jusqu’au 30 mai, la manifestation biennoise présente sous le thème « Cracks » des travaux photographiques de plus d’une vingtaine d’artistes issus d’une dizaine de pays, de la Suisse aux Etats-Unis en passant par la Chine, la France ou la Norvège. Les expositions investiront onze lieux à travers la ville.
A l’ère où nos systèmes politiques sont en crise, où les débats sur le vivre-ensemble s’enflamment, où les réseaux sociaux nous isolent physiquement, le festival propose un face-à-face avec l’image contemporaine, expliquent les responsables des Journées Photographiques.
Pour sa directrice Sarah Girard, cette manifestation présente la diversité des pratiques photographiques contemporaines. Elle dévoile la photo dans des espaces disséminés en ville pour expérimenter l’image dans des contextes différents et mettre en valeur le patrimoine bâti.
Migration et vivre-ensemble
« We are all going home », de la Suissesse Aline d’Auria, jette un nouveau regard sur les habitants de la ville de Chiasso (TI) issus de l’immigration est-européenne. Cette installation interroge le sentiment d’appartenance physique et psychique et propose de nouvelles perspectives sur la représentation du « chez soi ».
La série documentaire « Dans les plis de la ville » d’Emmanuelle Bayart est le résultat d’une recherche de traces dans le tissu urbain de la périphérie parisienne. Les photographies de l’artiste née en France interrogent les valeurs démocratiques et le vivre-ensemble dans nos sociétés.
L’artiste nigérian Anthony Ayodele Obayomi s’intéresse à la façon dont les institutions religieuses et celles qui organisent des jeux d’argent opèrent dans les esprits des gens, en particulier chez les populations démunies. Il s’interroge sur la commercialisation de l’espoir auprès des populations de Lagos.
Jeunesse du Jura bernois
Pierre-Kastriot Jashari propose une immersion dans le quotidien de la jeunesse multiculturelle du Jura bernois. Le travail de l’artiste établi à Bienne se penche sur le sentiment d’appartenance de l’individu par rapport à son environnement et à ses origines, relèvent les Journées Photographiques.
Pour sa série photographique « New Dutch Views » Marwan Bassiouni s’est rendu dans une septantaine de mosquées aux Pays- Pays. Ses prises de vues réalisées à l’intérieur des mosquées opèrent comme des fenêtres sur le monde extérieur. Ses images évoquent les oppositions et liens entre les représentations culturelles.
Expositions disséminées
Les expositions investissent des espaces classiques comme le Nouveau Musée Bienne, le Photoforum Pasquart, des galeries mais aussi des espaces publics et des locaux reconvertis pour l’occasion comme la Maison Farel, bâtiment témoin de l’architecture des années 50. Mais l’exposition prévue dans un EMS a été annulée en raison du Covid-19.
Fort de nouvelles synergies, la manifestation s’associe au lancement de deux projets à découvrir dans le cadre des expositions: l’enquête photographique Jura bernois et le Prix Taurus pour les arts visuels. Les Journées photographiques seront aussi rythmées par des rencontres, des performances et des ateliers.
Annulées l’année dernière en raison de la pandémie de coronavirus, les Journées Photographiques avaient accueilli quelque 6500 visiteurs en 2019.