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Le Laténium évoque le pouvoir narratif des objets archéologiques

Des objets déroutants et insolites sont dévoilés dans le cadre de la nouvelle exposition "Des choses" du Laténium. Keystone/LAURENT GILLIERON sda-ats

(Keystone-ATS) L’exposition “Des choses”, qui ouvre vendredi et qui se tiendra jusqu’au 9 janvier 2022 au Laténium à Hauterive (NE), veut rendre compte du pouvoir narratif des objets archéologiques. Elle veut aussi questionner la pertinence des catégories.

L’exposition montre des “objets insolites, déroutants, qui sont intéressants pour les archéologues, mais aussi pour le public”, a déclaré dans une vidéo à Keystone-ATS la commissaire de l’exposition et directrice adjointe du musée, Géraldine Delley. Ces “cas particuliers ouvrent d’autres pistes et d’autres champs thématiques”.

Ces objets “bizarres” sont “des supports à récits” qui questionnent des thématiques comme la mémoire, la beauté ou l’esthétique, a ajouté Géraldine Delley. Selon elle, même si certains sont très anciens et proviennent de Néandertal, la dimension sensorielle est très présente.

Les objets présentés proviennent de 33 institutions réparties entre la Suisse, la France, l’Italie, l’Allemagne et la Grande-Bretagne. Ils vont du paléolithique à l’époque contemporaine.

Le visiteur pourra découvrir un petit lot de sable blanc rapporté d’un séjour dans le Jura et retrouvé dans un village lacustre de l’âge du bronze, une baguette d’if malhabilement taillée par un enfant pour jouer à l’arc il y a 5000 ans ou par exemple une collection d’oursins fossiles, réunie voici 3000 ans. Les pièces retenues pour l’exposition ne relèvent ni d’un thème précis, ni d’une culture particulière.

“C’est leur caractère exceptionnel et atypique qui a conduit à les sélectionner à la suite d’un appel international lancé auprès de collègues archéologues et historiens”, a ajouté Géraldine Delley.

L’exposition vise à questionner la pertinence des catégories et des cadres analytiques dominants en archéologie. Elle suit des pistes interprétatives, qui obligent les archéologues à se confronter aux limites de la démarche scientifique.

Entre art et science

La nouvelle exposition a aussi réuni plusieurs artistes pour démultiplier les points de vue sur les objets exposés et pour enrichir les thèmes abordés. Scénographe, artiste visuelle, musicien et écrivain ajoutent des niveaux de lecture entre le propos archéologique et le public, sans trahir pour autant la réflexion scientifique.

Adrien Moretti, scénographe de théâtre, a développé une mise en scène immersive, fonctionnant sur un modèle labyrinthique. Cette scénographie laisse le spectateur libre de déambuler, de se perdre et de se retrouver à sa guise autour des objets et dans un monde organique, caverneux et romantique.

L’écrivain Eugène contribue par ses textes au développement de l’imaginaire, révélant la poésie des objets qui est au cœur du concept de l’exposition. C’est sous la forme d’un audioguide que l’on pourra découvrir ses récits fascinants, drôles, intimes et touchants.

Les projections oniriques conçues par l’artiste visuelle Sophie Le Meillour invitent le public à visualiser l’accumulation des sédiments et la lente dégradation des matériaux. Le musicien Julian Sartorius a développé des créations sonores qui interprètent à leur façon chacune des 12 thématiques de l’exposition. Les sons se superposent les uns aux autres, créant une œuvre sonore unique.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

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