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Les cyberdéfenseurs de demain réunis en compétition à Genève

Des étudiants universitaires d'une dizaine de pays ont dû incarner des conseillers de gouvernements pour répondre à une cyberattaque fictive contre des aéroports européens. Photo du GCSP sda-ats

(Keystone-ATS) Des étudiants universitaires d’une dizaine de pays ont incarné pendant deux jours à Genève les cyberdéfenseurs de demain. Une vingtaine d’équipes, dont trois suisses, ont tenté de répondre à une cyberattaque fictive sur des aéroports européens.

Ces participants ont oeuvré jeudi et vendredi comme s’ils devaient conseiller des gouvernements sur les décisions à prendre face à une telle situation. Le scénario avait été décidé avant la “défaillance technique” de mardi qui a provoqué d’importants retards dans les aéroports européens, y compris en Suisse.

Une équipe américaine a remporté ce cyberchallenge organisé pour la quatrième fois par le Centre de politique de sécurité de Genève (GCSP). Elle a devancé deux de ses homologues alémaniques.

En 2017, les participants avaient dû se pencher sur une attaque fictive contre des centres de santé. Quelques semaines avant Wannacry qui avait ciblé notamment des services de santé.

En raison de son industrie de pointe et du secteur bancaire, la Suisse “prend la cyberdéfense et la cybersécurité très au sérieux”, dit dans un entretien à l’ats la cheffe adjointe de l’unité de cyberdéfense à l’OTAN, Chelsey Slack. Berne souhaite notamment s’associer au Centre d’excellence de cyberdéfense coopérative de l’OTAN ​​(CCDCOE) en Estonie. Le Parlement pourrait formaliser dans les prochains mois cette participation.

Des cyberspécialistes en plus au DDPS

Par ailleurs, 400 à 600 soldats de milice seront formés à terme sur la cyberdéfense. Les premiers d’entre eux, entre 15 et 30 personnes, le seront dès l’été prochain et termineront en 2019, a indiqué vendredi à l’ats un porte-parole du Département fédéral de la défense (DDPS).

Le département lui-même a prévu l’année dernière 100 postes supplémentaires de cyberspécialistes. En moins d’un an, le dispositif a déjà augmenté de 20 à 30%, selon le porte-parole.

De leur côté, les 29 Etats membres de l’OTAN viennent d’accepter d’établir un centre pour les cyberopérations au quartier général militaire de l’Alliance pour adapter la structure de commandement. “Le travail est en cours” pour son lancement, dit Mme Slack.

OTAN ciblée par plusieurs pays

Les cyberincidents deviennent de plus en plus graves, selon elle. “Nous constatons de plus en plus de cas où des Etats sont derrière ces attaques”, explique la cheffe adjointe qui s’est exprimée jeudi devant les participants à Genève. Ces pays sont notamment responsables de “la majorité des attaques qui ciblent les réseaux de l’OTAN”.

L’Alliance considère elle désormais la cyberdéfense comme un “moyen de garantir la protection et le succès des missions”. Elle reste toutefois une organisation défensive, ajoute Mme Slack.

Le GCSP est l’un des trois centres financés par la Suisse à Genève. Jeudi prochain, le conseiller fédéral Ignazio Cassis doit le visiter pour la première fois. Avant la discussion sur le renouvellement de l’enveloppe de ces institutions pour 2020-2023. Une décision au Parlement fédéral est prévue en 2019.

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