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Les espèces invasives les plus dangereuses sont les plus casanières

Les fourmis figurent parmi les pires espèces invasives. La variété de leurs modes de vie, de leurs habitats et la complexité de leur structure sociale leur ont permis de coloniser tous les continents, à l’exception de l’Antarctique (archives). KEYSTONE/MARTIAL TREZZINI sda-ats

(Keystone-ATS) Au fil des siècles, de nombreuses espèces se sont dispersées à travers le globe par le biais des déplacements humains et du commerce de marchandises. Une étude lausannoise suggère que les espèces invasives les plus dangereuses seraient les moins expansionnistes.

L’intensification de la mondialisation du commerce et du tourisme a facilité la dispersion accidentelle de plus de 16’000 espèces (insectes, mammifères, oiseaux, reptiles, champignons et micro-organismes) en dehors de leur zone native, a indiqué jeudi l’Université de Lausanne (UNIL) dans un communiqué.

Une partie de ces espèces est considérée comme invasive, car elles peuvent causer le déplacement et l’extinction d’espèces autochtones. Ces individus néfastes ont, en outre, des impacts majeurs sur le fonctionnement des écosystèmes, l’économie et la santé humaine, notamment par le biais de l’introduction de maladies transmissibles à l’être humain.

Une explication très répandue est que celles-ci auraient une plus grande flexibilité et capacité d’adaptation à de nouvelles conditions environnementales.

Plus frileuses

Cleo Bertelsmeier, professeure assistante au Département d’écologie et évolution de l’UNIL, et sa doctorante Olivia Bates ont voulu savoir si les espèces introduites les plus invasives sont les plus aptes à coloniser de nouveaux climats.

Pour ce faire, les biologistes ont évalué, en collaboration avec Sébastien Ollier, du Laboratoire Ecologie, Systématique, Evolution de l’Université Paris-Saclay, la niche climatique de 82 espèces de fourmis provenant du monde entier.

Résultats: “Nous avons pu démontrer que les espèces les plus néfastes pour l’être humain et l’environnement s’aventurent paradoxalement le moins dans des climats auxquels elles ne sont pas exposées dans leur zone native. En d’autres termes, les espèces les plus dangereuses sont plus frileuses et moins expansionnistes que les autres”, commente Cleo Bertelsmeier, citée dans le communiqué.

Qui dit conservateur dit prévisible

Ces résultats constituent une bonne nouvelle, comme le relève Olivia Bates, première auteure de l’article: “Puisque les espèces invasives les pires sont peu enclines à coloniser de nouveaux climats, leur propagation spatiale est prévisible. Il suffit de se baser sur l’ensemble des conditions climatiques dans leur aire native pour élaborer un modèle prédictif qui identifie les endroits sur Terre présentant des conditions climatiques similaires, propices à l’espèce”.

En revanche, ceci n’est pas le cas pour des espèces introduites peu invasives qui, elles, ont tendance à explorer des climats différents de leur zone native, selon ces travaux publiés dans la revue Nature Communications. “Comme les menaces de ces espèces peu invasives sur la conservation de l’environnement sont moindres, on peut considérer que c’est un résultat encourageant”, conclut Cleo Bertelsmeier.

Les fourmis figurent parmi les pires espèces invasives. La variété de leurs modes de vie, de leurs habitats et la complexité de leur structure sociale leur ont permis de coloniser tous les continents, à l’exception de l’Antarctique.

Parmi les 13’000 espèces connues, 241 ont été transportées accidentellement par l’être humain au-delà de leurs aires de répartition originelles. Dix-neuf d’entre elles sont considérées comme invasives en raison des dommages qu’elles occasionnent à la biodiversité, à l’agriculture et à l’économie locale, entre autres.

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