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Malte enterre la journaliste anticorruption assassinée

Les funérailles de la journaliste anticorruption Daphne Caruna Galizia ont eu lieu au sanctuaire chrétien de Mosta à Malte. KEYSTONE/AP/JONATHAN BORG sda-ats

(Keystone-ATS) Des centaines de personnes se sont rassemblées vendredi à Malte pour les funérailles de la journaliste et blogueuse anticorruption Daphne Caruana Galizia. Son assassinat le 16 octobre a provoqué une onde de choc bien au-delà de la petite île méditerranéenne.

Les participants ont pris place pour la plupart dans le grand sanctuaire chrétien de Mosta. La cérémonie a débuté vers 14h00, non loin du domicile et de l’endroit même où la journaliste de 53 ans a trouvé la mort dans l’explosion de sa voiture piégée.

Un attentat quasi inédit dans un pays de l’Union européenne, qui a profondément choqué en Europe et au-delà. “Aujourd’hui, le monde est en deuil de Daphne Caruana Galizia”, a affirmé vendredi la Commission européenne, qui a décidé de mettre en berne le drapeau européen à son siège à Bruxelles et à travers le monde, à la demande de son président Jean-Claude Juncker.

Journée nationale de deuil

Une messe a été dite par l’archevêque de Malte, Mgr Charles Scicluna, lors de cette cérémonie interdite à la presse. “Nous sommes ici aujourd’hui (vendredi) pour prier pour Daphne, victime de la violence meurtrière qui a ôté la vie à une femme, une mère, une journaliste”, a déclaré Mgr Scicluna dans son homélie.

La famille de la journaliste a expressément souhaité que ses funérailles conservent un caractère privé. Le gouvernement maltais a toutefois décidé de faire de vendredi une journée nationale de deuil en mémoire de la journaliste, et pour affirmer qu'”aucune attaque à l’encontre de la liberté d’expression n’est admise dans la démocratie maltaise”.

Comme à Bruxelles, les drapeaux étaient en berne partout dans l’île, le plus petit Etat de l’Union européenne avec 430’000 habitants.

Peu de personnalités ont assisté à ces funérailles, à l’exception du président du Parlement européen Antonio Tajani. Ce dernier a réclamé la semaine dernière une “enquête internationale” pour faire la lumière sur cet attentat. La Commission européenne a réitéré de son côté vendredi sa demande d’une enquête “indépendante et approfondie” et l’arrestation des coupables.

Presse internationale mobilisée

La presse internationale s’est également mobilisée. Plusieurs patrons de presse, dirigeant quelques uns des plus grands journaux ou rédactions dans le monde, ont signé jeudi une lettre commune adressée au premier vice-président de la Commission européenne Franz Timmermans. Ils lui demandent d’utiliser ses pouvoirs pour que justice soit faite et la liberté de la presse préservée à Malte.

“Il ne faut pas laisser les assassins de Daphne parvenir à étouffer son enquête sur la corruption au sein des plus hautes sphères à Malte”, écrivent ainsi les directeurs du Guardian, du Monde, du Financial Times, d’El Pais, de La Repubblica, du Süddeutsche Zeitung, du New York Times et de la BBC.

Aucun suspect n’a toutefois été identifié jusqu’à présent par les enquêteurs maltais, aidés par des experts étrangers, notamment du FBI et d’Europol.

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