Marée humaine dans les rues de Lomé à l’appel de l’opposition
(Keystone-ATS) Une marée humaine de partisans de l’opposition a déferlé mercredi à Lomé et dans dix villes du Togo pour réclamer une alternance politique. Le pays est dirigé depuis 2005 par le président Faure Gnassingbé.
Amnesty international a estimé à «au moins 100’000» le nombre de participants dans la capitale, selon son directeur au Togo, Aimé Adi.
«C’est du jamais vu, je pense qu’il y a plus d’un million de personnes à Lomé», a de son côté affirmé le chef de file historique de l’opposition, Jean-Pierre Fabre. Le Togo compte environ 7 millions d’habitants.
A Lomé, une foule déchaînée brandissait des pancartes et criait des slogans hostiles au régime de Faure Gnassingbé: «La dictature se nourrit du silence et de l’inactivité», pouvait-on lire sur l’une d’elles.
Réformes exigées
L’opposition demande des réformes constitutionnelles (limitation du mandat présidentiel et scrutin à deux tours) promises par le régime, qui n’ont jamais abouti. Toutefois, dans les rangs des manifestants, c’est la démission du chef de l’Etat «aujourd’hui même» qui était réclamée.
Dans le nord du pays, à Sokodé, Dapaong et Kara notamment, plusieurs milliers de manifestants ont également défilé, selon Amnesty international et des témoignages d’habitants sur place.
Du reggae et des droits
Le chef de l’Etat a «appelé la population au calme, à la sérénité et à la modération», redoutant de nouvelles violences après les manifestations du 19 août, dans un communiqué publié mardi soir.
Les dispositifs des forces de l’ordre étaient peu visibles dans les rues empruntées par les manifestants. L’ambiance jusqu’à la mi-journée était plutôt joyeuse sur fond de musique reggae, les manifestants s’aspergeant avec de l’eau pour contrer la forte chaleur.
Lomé tente l’apaisement
Le gouvernement a tenté de jouer l’apaisement la veille des rassemblements en annonçant une réforme constitutionnelle concernant la «limitation des mandats et le mode de scrutin».
Cet avant-projet de loi, adopté mardi en conseil des ministres, doit encore être validé par le Parlement, qui ne fera sa rentrée qu’en octobre. Mais son contenu reste flou.
«Nous avons constaté qu’il y avait une attente forte au sein de la population», a expliqué le ministre de la Fonction publique, Gilbert Bawara, tout en invitant les opposants au «dialogue et au débat».
L’internet mobile était coupé dans la capitale togolaise, empêchant l’accès aux réseaux sociaux, ont constaté des journalistes de l’AFP sur place.