
Mieux estimer la capacité de discernement des patients
(Keystone-ATS) Les médecins ont souvent des difficultés à déterminer si un patient dépressif ou atteint de démence est capable de discernement. C’est ce que révèle une étude pour laquelle 760 d’entre eux ont été interrogés. L’Académie suisse des sciences médicales va élaborer des lignes directrices.
Cette question est déterminante dans toute thérapie médicale. Si le patient n’est pas jugé capable de discernement, la législation actuelle prévoit que le médecin doit pouvoir s’appuyer sur des directives anticipées du patient ou s’adresser à un représentant autorisé.
«L’incapacité de discernement apparaît souvent dans des pathologies telles que la démence ou les dépressions graves ou lors de lésions cérébrales», indique mardi Manuel Trachsel, maître-assistant à l’Institut d’éthique biomédicale de l’Université de Zurich et auteur principal de ces travaux, dans un communiqué du Fonds national suisse (FNS).
C’est justement en fin de vie, alors que de nombreuses personnes ne sont plus capables de discernement, que des décisions médicales complexes doivent être prises. Faut-il interrompre les mesures susceptibles de prolonger la vie? Le patient veut-il même solliciter une forme d’assistance au décès?
Capacités variables
Selon M. Trachsel, une personne peut sembler capable de discernement pour des décisions du quotidien tel que le choix des vêtements ou des repas, mais incapable de discernement pour prendre des décisions médicales graves.
Et les capacités cognitives, par exemple chez des patients atteints de maladie d’Alzheimer ou de Parkinson, peuvent varier considérablement d’un jour à l’autre.
Avec le Programme national de recherche «Fin de vie» (PNR 67), M. Trachsel et ses collègues ont interrogé près de 760 médecins de toute la Suisse. Il en ressort qu’une grande majorité se sentent responsable de l’appréciation de la capacité de discernement des patients. Parmi ceux qui se sentent «très responsables», à peine un tiers estiment être suffisamment compétent pour en juger.
Le corps médical ne dispose pas d’une définition uniforme de la notion de capacité de discernement, des principaux critères d’évaluation ni de la manière d’en juger. «La plupart des médecins ont leurs propres règles empiriques», affirme M. Trachsel. Très rares sont ceux qui savent qu’il existe déjà divers principes directeurs spécifiques.