Les travaux de rénovation de La Scala de Milan viennent de débuter. Confié à l'architecte tessinois, son projet suscite une vive controverse.

La restructuration de l'opéra le plus connu du monde, fermé en décembre dernier, n'est pas du goût des représentants de «La Margherita» (gauche) au Conseil communal de Milan, ni des membres de l'association écologiste «Legambiente».

Vendredi, lors de la présentation officielle du projet au Palais Marino, juste en face de La Scala, le député Pietro Rutelli a accusé la ville de Milan de ne pas avoir présenté le projet à l'approbation du conseil communal.

Ouverture d'une enquête de conformité

Une accusation contestée par le maire de la ville, Gabriele Albertini et son vice, Riccardo De Corato: «le premier projet, qui remonte aux années 90 avant d'être repris et développé par Mario Botta, a été approuvé. La loi prévoit que les modifications et adjonctions le sont d'emblée.»

Ceci dit, mercredi lors de l'ouverture du chantier pour la démolition des structures à remplacer, la magistrature a effectué un contrôle des lieux. Et une enquête a été ouverte à la demande du mouvement écologiste «Legambiente».

Elle devra vérifier si l'œuvre réalisée par l'architecte italien Giuseppe Piermarini, à la fin du 18ème siècle, n'est pas dénaturée par la rénovation signée Mario Botta.

C'est donc sur fond de polémique que la présentation officielle des travaux a eu lieu au siège de Palazzo Marino, juste en face de La Scala.

Fervent partisan de Mario Botta, le sous-secrétaire d'Etat à la culture Vittorio Sgarbi a rappelé combien la restructuration de La Scala est importante. Non seulement pour la ville de Milan mais pour «l'art en général».

Vittorio Sgarbi a précisé que «cette restructuration fera de La Scala le théâtre le plus fonctionnel d'Europe».

L'aveu de Mario Botta

De son côté, Gabriele Albertini, maire de Milan, a mis en évidence «le lien qui, de Carlo Borromini à Luigi Canonica, unit de tout temps les architectes tessinois à l'Italie.»

Pour sa part, Mario Botta a avoué avoir eu déjà quelques craintes à la suite de ses premiers contacts avec le gouvernement italien et la commune de Milan. «Deux ans et demi à disposition pour mener à bien le projet, c'est très peu» a-t-il souligné.

La maquette de la nouvelle Scala introduit deux innovations dans le style caractéristique de Mario Botta. D'abord, un grand parallélépipède d'une hauteur de 40 mètres comprendra sept nouvelles salles de répétition, les locaux de service et les loges des artistes. Ensuite, une construction hélicoïdale de trois étages sur le côté latéral de l'édifice abritera le réfectoire.

Désuètes, les structures et les installations techniques seront modernisées, la scène et le foyer seront rénovés, les mesures de sécurité améliorées. D'une profondeur actuelle de 24 mètres, la scène en atteindra 70 après la rénovation.

La saison lyrique en banlieue

La rénovation devrait permettre une augmentation de 30% des représentations: «notre but est de proposer un lever de rideau par jour pendant la saison lyrique», précisé Riccardo De Corato, vice-maire de Milan.

Quant aux structures condamnées mais dignes d'être conservées comme témoignages architecturaux du passé, elles seront exposées dans un musée. C'est, en tout cas, ce qu'a affirmé Carlo Fontana, surintendant aux biens culturels de Milan.

Les travaux devraient donc durer une trentaine de mois. Ils coûteront quelque 50 millions d'euros (75 mio de francs) à la ville de Milan, propriétaire de La Scala. Durant la remise en état, la saison lyrique se tient en banlieue, au théâtre des Arcimboldi, une structure ultramoderne de 2400 places.

swissinfo/Gemma d'Urso à Milan

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