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Sommet du G8 à Evian: les leçons de Davos

Trois jours durant, la petite ville d’Evian va devenir le centre de toutes les attentions. Keystone

Après la manifestation avortée de Davos et les violences de Berne, militants anti-mondialisation et forces de l'ordre fourbissent déjà leurs armes en vue du prochain sommet du G8 d'Evian.

Lundi, les deux camps ont abattu leurs premières cartes.

«Nous serons à bras nus et à visage découvert», clame Josef Zisyadis. Avec son collègue socialiste Pierre-Yves Maillard, le député du Parti du travail est l’un des animateurs du Comité vaudois anti-G8.

On y retrouve aussi Artistides Pedraza, syndicaliste libertaire. Qui affirme d’emblée que les manifestants «ne se laisseront pas parquer», comme cela a été le cas le week-end passé sur les voies d’accès hautement surveillées du Forum économique de Davos.

Et le Comité d’appeler les autorités à «ne pas céder à l’hystérie sécuritaire.» Peut-il, pour autant garantir, que tout se déroulera dans le calme? Evidemment non.

«Ce que nous pouvons garantir, promet Artistides Pedraza, c’est que l’immense majorité du mouvement agira sur un terrain qui n’est pas celui de l’action militaire.»

«Toute personne qui jette un pavé dans une vitrine agit contre le mouvement, rappelle Pierre-Yves Maillard. Cela ne sert à rien d’autre qu’à donner des possibilités à ceux qui veulent toujours user de la matraque de le faire en toute bonne conscience.»

Le feu au lac

Les militants suisses ont-t-il tiré les leçons des débordements survenus le week-end dernier en ville de Berne? «Cela nous a amenés à réfléchir, admet Pierre-Yves Maillard, et à tenter d’agir en amont.»

«Le rôle de notre parti est d’essayer de tisser des liens avec les formations qui sont à notre gauche», poursuit le député socialiste. Qui se dit persuadé d’avoir rencontré une oreille attentive auprès de ses partenaires «plus radicaux.»

Mais l’échange se fait également dans l’autre sens. Ainsi Pierre-Yves Maillard se dit-il séduit par le projet de Joseph Zisyadis et d’Aristides Pedraza, qui entendent mettre «le feu au lac» pour protester contre la tenue à Evian du sommet du G8.

L’idée est d’allumer sur tout le pourtour du Léman des feux «de résistance et d’espoir», afin de marquer, de manière très visible, la présence des opposants.

«Lausanne, candidate naturelle»

Quant aux manifestations elles-mêmes, les anti-mondialisation n’ont pas encore formellement décidé où elles se tiendraient. Une seule chose semble acquise: ce ne sera pas à Evian.

Durant le sommet en effet, seuls les résidents auront accès aux rues de la petite ville savoyarde. D’ailleurs, lundi, les habitants ont commencé à recevoir les badges qui leur permettront de déambuler en ville.

Et, pour obtenir ce sésame, chacun doit fournir la preuve formelle qu’il est bel et bien domicilié à Evian.

Pour le Comité vaudois, Lausanne, située en face d’Evian, à seulement 12 kilomètres, est la «candidate naturelle» à la tenue de la manifestation principale.

«Cette manifestation donnerait à Lausanne, ville de gauche, une autre image que celle du siège du Comité international olympique», lance Josef Zisyadis.

Mais une autre variante prévoit également des manifestations dans trois lieux simultanément: Lausanne, Genève et Saint-Gingolph, les deux derniers marquant les points de passage de frontière avec la France voisine.

«Ces variantes doivent encore être discutées et négociées avec tous nos partenaires», indique Aristides Pedraza. Qui ne manque pas de rappeler que, quel que soit le lieu, les manifestants seront fermement déterminés.

«Nous ne faisons pas la guerre avec des barres de fer, affirme le leader syndicaliste, mais avec nos convictions.»

La sécurité a un prix

Lundi également, de leur côté, les trois polices cantonales de Vaud, de Genève et du Valais ont présenté les grandes lignes de l’opération prévue pour assurer la sécurité du côté suisse pendant le sommet.

Un dispositif devisé à 40 millions de francs, compte non tenu de l’appui qui sera demandé aux forces terrestres et aériennes de l’armée.

Comme lors d’autres grands rendez-vous internationaux – tels les conférences organisées à Genève ou le forum de Davos -, des détachements de police des autres cantons seront appelés en renfort.

Pour l’heure, la clé de répartition financière entre cantons et Confédération est encore à discuter. Mais, dans ce cas-là, Berne entend bien demander une aide à Paris.

D’ailleurs, dans une interview parue dans la presse dominicale, la nouvelle ministre suisse des Affaires étrangères Micheline Calmy-Rey a révélé qu’elle rencontrerait le mois prochain son homologue français Dominique de Villepin pour en discuter.

Le plus discret possible

Selon Jean-Claude Mermoud, ministre en charge de la sécurité du canton de Vaud, les mesures déployées devraient perturber le moins possible la vie quotidienne des citoyens de l’arc lémanique.

Mais, pour l’heure, l’ancien commandant de la police vaudoise Pierre Aepli ne peut pas en dire plus. En clair, le coordinateur des mesures de sécurité ne sait pas encore quelles restrictions seront imposées à la circulation sur les autoroutes, au passage des frontières ou à la navigation sur le Léman.

Ce qui est certain, par contre, c’est que le sommet des sept pays les plus industrialisés du monde (plus la Russie) attirera près de 3000 personnes en Suisse.

Et que, selon Jean-Claude Mermoud, «il faudra pratiquement autant de monde pour pouvoir assurer leur sécurité.»

swissinfo, Marc-André Miserez

Les mesures de sécurité côté suisse sont devisées à 40 millions de francs.
Durant le sommet, les rives suisses du Léman accueilleront 3000 personnes.
Les chefs d’Etat, par contre, logeront à Evian.
Les anti-mondialisation attendent quelque 100’000 manifestants.

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