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Résistance aux antibiotiques: un lien avec la pénicilline G

Les bactéries résistantes feront plus de 10 millions de victimes dans le monde d'ici 2050, selon l'OMS (archives). KEYSTONE/EPA/MARCUS BRANDT sda-ats

(Keystone-ATS) La résistance des bactéries à l’un des antibiotiques les plus courants, l’ampicilline, est antérieure à son utilisation chez l’homme, selon une étude publiée jeudi. Elle pourrait avoir été causée par l’administration de pénicilline au bétail dans les années 1950.

« Les résidus d’antibiotiques dans les environnements agricoles des années 1950, tels que le fumier, la terre et les eaux, ont pu avoir un impact bien supérieur à ce que l’on pensait sur la propagation de la résistance à l’ampicilline », estime le docteur François-Xavier Weill, de l’institut Pasteur, qui a dirigé ces recherches. Leur résultat est paru dans la revue spécialisée The Lancet Infectious Diseases.

« Il est urgent de réévaluer l’usage des antibiotiques chez l’animal », poursuit le docteur Weill, qui prône « une veille étroite des résistances bactériennes, à la fois chez l’homme et chez l’animal, et cela, à l’échelle mondiale ».

Au début novembre, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a exhorté les éleveurs à ne plus du tout utiliser d’antibiotiques sur les animaux sains, afin de prévenir la propagation de la résistance à ces médicaments.

Transmission des gènes de la résistance

L’ampicilline, une pénicilline de synthèse, a été commercialisée en Europe en 1961. Or, les premières épidémies provoquées par des bactéries résistantes à cet antibiotique ont été observées chez l’homme peu de temps après, à partir de 1962.

Intrigués par ce délai très court, les chercheurs français ont étudié les propriétés génétiques des bactéries résistantes. Ils ont découvert « que des bactéries possédant des gènes capables de transmettre la résistance à l’ampicilline sont, en fait, apparues, de façon inattendue, dès la fin des années 1950 », explique l’institut Pasteur dans un communiqué.

« L’émergence de cette résistance à l’ampicilline pourrait être due à l’utilisation dans les élevages de pénicilline G », jugent les chercheurs.

Selon eux, les gènes de la résistance peuvent être transférés entre des souches de bactéries quand celles-ci sont exposées à des niveaux relativement faibles de pénicilline G, semblables aux doses utilisées à l’époque dans les élevages.

La pénicilline G a été utilisée dès les années 1950 dans les élevages en Amérique du Nord et en Europe, pour faire grossir les animaux et donc augmenter leur valeur marchande.

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