Syrie: Washington et Moscou s’accordent pour une trêve à Alep

(Keystone-ATS) Les Etats-Unis et la Russie ont conclu un accord pour étendre le cessez-le-feu en Syrie à la province et la ville d’Alep. Ils se coordonneront pour renforcer la surveillance de sa mise en oeuvre, a déclaré mercredi le département d’Etat américain.
Il est capital que Moscou redouble d’efforts pour presser le président syrien Bachar al-Assad d’appliquer cette cessation des hostilités, a insisté le porte-parole du département d’Etat Mark Toner. Washington promet pour sa part d’inciter les forces d’opposition à faire taire leurs armes.
« Notre objectif reste, et a toujours été, celui d’une cessation des hostilités portant sur l’ensemble du pays, pas une série de trêves locales », a souligné M. Toner. Le régime syrien a annoncé en soirée son intention de respecter à partir de jeudi une trêve de 48 heures dans la ville septentrionale d’Alep meurtrie par les combats.
Si la communauté internationale échoue à obtenir une trêve dans la ville syrienne d’Alep, quelque 400’000 personnes pourraient fuir vers la Turquie pour échapper aux combats, avait mis en garde l’envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura.
« Srebrenica » syrienne
Des combats violents ont continué de faire rage à Alep mercredi. Des médecins syriens ont appellé la communauté internationale à l’aide face à ce qu’ils dénoncent une « épuration ethnique ». D’autres voix réclament une amélioration de l’accès humanitaire.
La situation se rapproche de celle de « Srebrenica », a estimé mercredi devant la presse à Genève le secrétaire général de l’Union des organisations de secours et soins médicaux (UOSSM). « C’est une honte » pour la communauté internationale, selon lui. Avant la guerre, Alep était un exemple de cohabitation. Désormais, elle est divisée entre chrétiens à l’Ouest et sunnites à l’Est.
Les attaques contre les hôpitaux constituent un crime de guerre, selon l’UOSSM qui totalise plus de 850 membres du personnel de santé sur le terrain. Avec quatre autres organisations, elle demande aux parties de cesser de cibler les civils et de les protéger « immédiatement ». Si les deux parties ont attaqué des civils, le régime veut « vider la région des civils », affirme son secrétaire général Tawfik Chamaa. « C’est une vraie épuration ethnique ».
La seule route ouverte est dangereuse
La seule route menant à Alep encore ouverte est menacée tous les jours par des bombardements ou des tireurs embusqués. Et près de 280’000 personnes pourraient être piégées.
Des centaines de secouristes équipés de camions sont prêts à aider Alep qui « risque de devenir assiégée » si les violences se poursuivent, a pour sa part affirmé le président du groupe de travail sur l’aide humanitaire Jan Egeland. Il appelle les Etats du Groupe international de soutien à la Syrie (GISS) à oeuvrer pour améliorer encore l’accès humanitaire à Alep et ailleurs.
Depuis la reprise le 22 avril des hostilités dans la deuxième ville du pays, 284 personnes, dont 57 enfants et 38 femmes, ont péri dans les violences, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). A Genève, une centaine de ressortissants syriens ont manifesté mercredi leur solidarité avec Alep sur la Place des Nations.