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Gros projet hydroélectrique entre Schiffenen et Morat (FR)

(Keystone-ATS) Une petite révolution hydroélectrique pourrait survenir dans la prochaine décennie entre les lacs de Schiffenen (FR), de Morat (FR) et de Bienne (BE). Groupe E souhaite construire pour 350 millions de francs une déviation de l’eau et une usine électrique souterraines.

A une profondeur d’entre 30 et 120 mètres, une galerie de 7 mètres de diamètre descendrait de Schiffenen au lac de Morat sur 9 kilomètres de long. L’usine – proche de Morat – produirait 255 gigawattheures par an ou l’équivalent de la consommation de 55’000 ménages.

Cela représente une hausse de la production annuelle d’électricité de 140 gigawattheures (31’000 ménages). Le projet amènerait une contribution de 5% au développement hydraulique visé par la stratégie énergétique 2050 de la Suisse.

L’ouvrage aurait peu d’impact sur le paysage, d’autant que la ligne électrique reliant l’usine au poste de Galmiz (FR) serait aussi enfouie. Et l’entreprise s’attacherait à limiter l’impact des travaux sur les eaux souterraines et de surface, a indiqué la direction jeudi au barrage de Schiffenen, qui a 50 ans cette année.

Le projet présente même des avantages pour la faune et la flore, selon Groupe E. Il atténue les variations de débit en aval du barrage et satisfait ainsi aux assainissements exigés par la loi fédérale sur la protection des eaux. L’entreprise espère à ce titre une aide fédérale de 160 millions de francs, somme que coûterait de toute façon une galerie de déviation des eaux à elle seule.

Une variante parmi d’autres

Une autre mesure pour diminuer l’impact des variations de débit pourrait être l’aménagement d’un bassin en contrebas du barrage, par exemple. Mais cela représenterait un énorme volume d’eau et coûterait quelque 500 millions de francs, sans supplément de production.

Une déviation des eaux en amont du barrage a l’avantage de faire d’une pierre deux coups. En doublant la hauteur de la chute de 43 à 94,5 mètres, elle permet un supplément de production énergétique.

Sur les trois turbines en activité, une seule continuerait à fonctionner pour maintenir le débit de base de restitution de l’eau dans la Sarine – actuellement 5 mètres cube par seconde par rapport à un minimum légal de 3,9 mètres cube.

Canton de Berne impliqué

Les centrales bernoises exploitées en aval de Schiffenen (BKW et Bielersee Kraftwerke) recevraient moins d’eau pour leur turbinage. Il faut donc prévoir pour elles une compensation financière ou énergétique. De tels mécanismes existent déjà pour d’autres centrales en Suisse, rappellent les dirigeants de Groupe E.

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