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Un élu fâché envoie un car rempli de réfugiés syriens chez Merkel

(Keystone-ATS) Un élu mécontent de Bavière, par où arrivent les migrants rejoignant l’Allemagne, a annoncé avoir envoyé jeudi un autocar avec 51 réfugiés syriens à son bord vers la chancellerie à Berlin. Il souhaite ainsi protester contre la politique d’accueil d’Angela Merkel.

Par cette action symbolique dénoncée par une ONG, le président du canton rural de Landshut, Peter Dreier explique dans un communiqué qu’il veut « émettre le signal qu’on ne peut pas et qu’on ne doit pas continuer ainsi en matière de politique d’accueil des réfugiés ».

« Regardez ce qui se passe à l’étranger, les autres Etats membres de l’UE se détournent de nous », a-t-il ajouté sur la radio bavaroise Bayerischer Rundfunk, estimant qu’on ne voyait nullement se profiler « la fin de la vague de réfugiés » qui permettrait à l’Allemagne de les accueillir « dignement ».

Le car, qui devait arriver en fin d’après-midi à Berlin, devait transporter 51 Syriens de 21 à 45 ans qui ont déjà obtenu le statut de réfugié en Allemagne et « se sont inscrits (volontairement) pour le trajet », selon le communiqué. Mais 20 d’entre eux ont changé d’avis et ils étaient finalement 31 à bord, ont précisé les autorités locales.

« Taper du poing sur la table »

La chancellerie n’a pas souhaité réagir dans l’immédiat. Angela Merkel se trouvait jeudi à Berlin, où elle devait tenir dans l’après-midi un discours devant un forum économique.

« Nous essayons d’intégrer ces gens mais cela ne marchera pas si une autre vague d’un million (de migrants) arrive. C’est pourquoi il est temps de taper du poing sur la table », s’est expliqué M. Dreier sur la chaîne de télévision N24.

L’organisation de défense des droits des migrants Pro Asyl a toutefois dénoncé avec véhémence cette initiative qui « utilise et abuse de la détresse des réfugiés pour dire ‘nous voulons fermer les frontières' ». « On instrumentalise des gens pour donner des images aux médias », a déploré son dirigeant, Günter Burkhardt sur N24.

Bras de fer bavarois

La Bavière doit prendre en charge la plupart des réfugiés qui arrivent en provenance d’Autriche après une odyssée à travers la Méditerranée et les Balkans. Ils sont ensuite répartis dans les autres régions allemandes mais ce riche Land du sud de l’Allemagne a à plusieurs reprises affirmé être débordé et avoir du mal à fournir un toit à tous les migrants.

Les dirigeants bavarois ferraillent depuis des mois contre la politique de la main tendue aux réfugiés d’Angela Merkel qui lui vaut aujourd’hui une chute de popularité. Après avoir menacé de fermer les frontières avec l’Autriche, le dirigeant de ce puissant Land (Etat régional), Horst Seehofer, a exigé que soit fixé un nombre maximum de migrants à accueillir.

Mais si la chancelière a promis de réduire tangiblement le nombre des réfugiés en agissant à l’échelle européenne et internationale, elle refuse fermement de fixer un plafond. L’an dernier, l’Allemagne a ouvert ses portes à quelque 1,1 million de demandeurs d’asile, un record historique qui la place face à un défi logistique considérable.

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