Une personne sur dix gagne moins de 4000 francs par mois en Suisse
(Keystone-ATS) Le problème des bas salaires est sous-estimé en Suisse. Selon une étude de l’Université de Genève mandatée par l’Union syndicale suisse (USS), 11,8% des travailleurs gagnent un salaire insuffisant pour vivre décemment. Les femmes et les titulaires d’un CFC sont particulièrement touchés.
Selon l’étude, présentée jeudi à Berne, le nombre de personnes gagnant moins de 3986 francs par mois pour un plein temps, soit le seuil des bas salaires pour le secteur privé et la Confédération, s’élèverait à environ 437’000. L’USS parle même de 500’000 personnes, en prenant en compte les salaires des cantons et des communes, indique Daniel Lampart, économiste en chef du syndicat.
L’Office fédéral de statistique (OFS) arrive de son côté à 368’000 personnes. Il ne prend en considération ni les employés de l’agriculture et de l’économie domestique, ni l’ensemble des salaires pour calculer le seuil des bas salaires.
Titulaires de CFC et femmes
Les titulaires d’un certificat fédéral de capacité (CFC) représentent 40% des travailleurs à bas salaire, indique Roman Graf, l’un des auteurs de l’étude. Près de la moitié des actifs (48%) sont issus de cette filière de formation. «Un apprentissage ne représente plus la garantie d’un emploi décemment rémunéré», dénonce le président de l’USS Paul Rechsteiner.
Les femmes sont aussi particulièrement concernées puisque 15,8% d’entre elles perçoivent un bas salaire, contre 6,1% des hommes. L’USS pointe du doigt la discrimination salariale: les femmes touchent en moyenne 630 francs de moins par mois que les hommes pour un emploi équivalent, à qualifications égales.
Vente et restauration épinglées
Selon l’étude, les salariés des branches du commerce de détail (20%) et de la restauration (14%) sont les plus sensibles, suivies par ceux de secteurs spécifiques comme le nettoyage et l’horticulture (13%). Vania Alleva, coprésidente d’Unia, dénonce les grandes chaînes du commerce de détail, qui figurent souvent parmi les mauvais payeurs.
L’Union syndicale est d’avis que l’introduction du salaire minimum, en plus de soulager les travailleurs à bas revenu, soutient la productivité de l’économie et incite les salariés à fonder une famille.
L’an dernier, l’USS a déposé une initiative sur les salaires minimums. Celle-ci demande à la Confédération et aux cantons d’encourager les conventions collectives de travail (CCT). Mais pour les secteurs où cela n’est pas possible, un salaire minimum de 22 francs de l’heure, soit 4000 francs pour 42 heures hebdomadaires, devrait être introduit.