Attaques chimiques: Moscou « pas convaincu » par l’enquête de l’ONU

(Keystone-ATS) La Russie a estimé jeudi que les conclusions de l’enquête de l’ONU au sujet d’attaques chimiques en Syrie, qui accusent Damas, « sont pleines de contradictions et donc ne sont pas convaincantes ». Elle refuse de sanctionner le régime de Damas.
Dans leur dernier rapport, les enquêteurs des Nations unies ont accusé le régime du président syrien Bachar al-Assad d’avoir eu recours par trois fois à des armes chimiques contre sa population en 2014 et 2015.
Ces conclusions « dans la plupart des cas ne sont pas soutenues par des témoignages suffisants ou des preuves matérielles », a déclaré l’ambassadeur russe à l’ONU, Vitali Tchourkine. Il s’exprimait lors d’une réunion avec ses collègues des quinze pays du Conseil de sécurité réunis à huis clos pour étudier ce rapport, selon un compte-rendu de ses remarques.
Non aux sanctions
Le diplomate russe a rejeté l’idée – défendue par Paris et Londres – de sanctionner le régime syrien. « Les conclusions (du rapport) ne sont pas définitives, n’ont pas force de loi et ne peuvent pas servir (…) à prendre des décisions juridiques », a-t-il affirmé.
Devant la presse après la réunion, il a été encore plus clair: « Il n’y a pas de preuve suffisante pour prendre des mesures punitives ». Il a aussi indiqué qu’il « ne fallait pas se précipiter » pour prolonger le mandat de l’équipe d’enquêteurs, qui expire le 31 octobre, comme le souhaitent la France et la Grande-Bretagne.
Le Conseil de sécurité a mis sur pied cette commission d’enquête (Joint Investigative Mechanism – JIM) en août 2015 pour déterminer qui avait perpétré une série d’attaques chimiques présumées en Syrie en 2014 et 2015.
Dans un rapport soumis en fin de semaine dernière, le JIM a notamment établi que l’armée syrienne avait procédé à une attaque chimique sur la localité de Qmenas, dans la province d’Idleb (nord-ouest de la Syrie), le 16 mars 2015. Selon la commission d’enquête, cette attaque chimique des militaires syriens était la troisième depuis 2014.
Enquêter sur les « terroristes »
Le JIM avait en outre précédemment accusé le groupe djihadiste Etat islamique (EI) d’avoir utilisé du gaz moutarde dans le nord de la Syrie, en août 2015.
M. Tchourkine a suggéré que si le mandat du JIM devait être prolongé, il devrait se pencher davantage sur « les aspects anti-terroristes de son travail », c’est-à-dire sur les soupçons pesant sur des groupes d’opposition extrémistes, et devrait aussi examiner d’autres pays de la région.