Autour de 1900, les peintres suisses voyaient grand et haut

Trois musées suisses, représentant les trois régions linguistiques, reviennent un siècle en arrière et étudient l'Art nouveau dans la peinture de notre pays.

La période envisagée par l’exposition « 1900. Symbolisme et Art nouveau dans la peinture suisse » va de 1890 à 1914. Découpage classique, qui isole les années menant à la modernité et à la guerre.

Le propos des musées impliqués dans le projet, le Kunstmuseum de Soleure, la Villa des cèdres de Bellinzone et le Musée cantonal des beaux-arts de Sion, consiste à étudier un même style, l’Art nouveau, et un semblable courant de pensée, le symbolisme, dans les trois régions linguistiques de la Suisse.

Ceci de manière à mettre en évidence une peinture nationale, du moins une manière helvétique d’interpréter le Jugendstil. Les peintres majeurs de l’époque, Ferdinand Hodler, Cuno Amiet, Giovanni et Augusto Giacometti, Paul Klee et Vallotton, sont replacés aux côtés de pairs ou d’épigones dont la peinture n’est pas dénuée d’intérêt: on redécouvrira les allégories charnues d’Augusto Sartori, les sinuosités de Marguerite Burnat-Provins, le symbolisme nocturne de Carlos Schwabe, un Fausto Agnelli proche des préraphaélites, un Gustave Jeanneret dépeignant la solitude des cimes.

Le motif alpin récurrent, la peinture de paysage en général, permettent aux artistes suisses d’exprimer ce sentiment du sublime, du panthéisme et du Bonheur rustique (titre d’une peinture d’Edouard Vallet représentant un jardin), ainsi que leur revers qui a pour noms mélancolie, angoisse de la solitude et de la mort. De plus en plus stylisé, le paysage devient cosmique ou onirique, et presque abstrait, chez Albert Trachsel, Augusto Giacometti et Vallotton.

Laurence Chauvy

Visible jusqu’au 27 août au Kunstmuseum de Soleure, cette exposition sera montrée ensuite à Bellinzone (du 15 septembre au 20 octobre) puis à Sion (du 19 novembre au 7 janvier).