Genève organise une fête grandiose pour le passage à l’an 2000

La cité de Calvin entend rivaliser avec Paris, Londres ou Berlin. Cinq sites offriront spectacles et pistes de danse avec, pour les 12 coups de minuit, un sablier géant qui basculera dans l'an nouveau: une scène qui sera retransmise dans le monde entier.

Genève organise une fête grandiose pour le passage à l’an 2000. La cité de Calvin entend rivaliser avec Paris, Londres, Edimbourg ou Berlin. Cinq sites offriront spectacles et pistes de danse avec, pour les douze coups de minuit, un sablier géant qui basculera dans l’an nouveau, une scène retransmise dans le monde par la BBC et TV5.

D’une hauteur de cinq mètres, le sablier sera retourné par des enfants centaures. Ces personnages font partie d’une procession imaginée par les chorégraphes Guilherme Botelho et Caroline de Cornière. 65 danseurs et 100 figurants illustreront cette parade dédiée au temps. Avant et après ce spectacle, le public pourra se plonger dans des mises en scène réparties sur quatre autres sites. Dédiés au quatre éléments (la terre, l’air, l’eau et le feu), ces espaces offriront également force victuailles et « dance floor » jazz, disco, techno et bal musette.

L’ensemble du dispositif sera ouvert jusqu’à dix heures, le matin du 1er janvier. Une partie des rues de Genève sera fermée à la circulation, mais les bus seront gratuits, tout comme l’accès aux différents sites.

Avec un budget de cinq millions et demi de francs suisses consacré à ce réveillon, Genève rivalise avec les capitales du monde occidental et se distingue nettement des autres villes suisses pour ce nouvel an historique, voire hystérique. Cette démonstration de richesses et de festivités peut surprendre de la part d’une ville réputée austère et avare.

Les mauvaises langues disent que Genève se venge ainsi de n’avoir pas été choisie pour l’exposition nationale. Plus sérieusement, cette fête conçue par un comité de six personnes âgées de vingt à trente ans témoigne des mutations qu’a connues cette ville depuis quelques années. Fêter les deux mille ans de l’ère chrétienne par une bacchanale à la gloire des quatre éléments signifie en tous cas que les élites calvinistes n’ont plus vraiment le pouvoir. Genève continue certes de se comparer aux capitales européennes. Mais pour se faire, elle mise de plus en plus sur sa population hautement métissée et sa jeunesse.

Frédéric Burnand