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La compétition est rude entre les musées

La générosité de riches mécènes a trouvé un terreau favorable à Bâle. Le Schaulager est la troisième institution artistique d'importance à y voir le jour en quelques années.

Les autres musées espèrent pouvoir conserver leur public.

Bâle, ville de musées: avec une quarantaine de lieux d’exposition pour moins de 200 000 habitants, la capitale rhénane est une destination particulièrement prisée des amateurs d’art.

Elle se targue d’ailleurs d’abriter la première collection au monde à avoir ouvert ses portes au public, le Musée des Beaux-Arts.

La tendance à créer des musées pour mettre en valeur des collections privées est largement répandue en Suisse depuis le début des années 90: le musée Kirchner à Davos a ouvert en 1992, la fondation Neumann à Gingins (VD) en 1994, pour ne citer que ceux-là.

Avec la présence historique de riches mécènes, souvent liés à l’industrie chimique, Bâle ne pouvait échapper à ce phénomène.

Des architectes de renom

Le Musée Tinguely a ainsi ouvert ses portes en 1996, dans un bâtiment de Mario Botta. L’entreprise Hoffmann-La Roche l’a offert à la ville pour son 100e anniversaire et le finance toujours intégralement.

L’année d’après, c’est la Fondation Beyeler qui devenait visible, dans un bâtiment construit par l’architecte Renzo Piano pour 65 millions de francs, y compris la transformation du parc, financés par Ernst Beyeler, aujourd’hui octogénaire.

Le dernier-né, le Schaulager, reprend en partie les ingrédients du succès: architectes célébres (Herzog & de Meuron) et fondation privée, la Fondation Emanuel-Hoffmann.

Pas d’aide étatique

Le Schaulager diffère cependant de Beyeler sur plus d’un point: d’abord, il est entièrement privé. On ne connaît par exemple pas le coût du bâtiment. Tandis que Beyeler bénéficie d’une aide étatique de 1,75 million de francs par année pour ses dix premières années d’existence.

Surtout, différence de taille, le Schaulager n’est pas un musée, mais un lieu d’études pour étudiants et chercheurs. La collection de la fondation doit continuer à être exposée dans les musées municipaux, à qui la fondatrice les a confiés en prêt permanent.

Cette différence de concept fait dire à Catherine Schott, porte-parole de la Fondation Beyeler, que le Schaulager ne présente aucune concurrence gênante. ««Nous n’avons pas les mêmes publics», a-t-elle expliqué à swissinfo.

«Plate-forme artistique»

«Beyeler accueille un public plus large, plus établi, tandis que le Schaulager est destiné à des amateurs plus jeunes, avant-gardistes peut-être, plus pointus. Mais ce qui compte, c’est qu’une nouvelle adresse accroît la force de Bâle en tant que plate-forme artistique.»

Avec un nombre de visiteurs variant entre 250 000 et 323 000 (record en 2001 avec l’exposition Rothko), la Fondation Beyeler arrive en tête des musées bâlois pour ce qui est de la fréquentation et l’un des premiers de Suisse.

En 2002, c’est le Musée des beaux-arts de Zurich qui a remporté la palme grâce à l’exposition Turner. Mais les musées dépassant les 300 000 visiteurs sont rares.

Un public international

Beyeler accueille en outre de nombreux visiteurs de l’étranger: «35% de notre public est suisse et la même proportion vient d’Allemagne. Nous avons encore 22% des autres pays europées et 8% d’autres continents», explique Catherine Schott.

Le Musée Tinguely se «contente» d’environ 150 000 visiteurs par année. L’anneé dernière cependant, la fréquentation a fait un bond de 15% à plus de 200 000 personnes. «Vraisemblablement grâce à l’exposition Marcel Duchamp», indique la porte-parole Bettina Mette.

Moins optimiste quant à l’avenir que sa consoeur de Beyeler, Bettina Mette estime que «cela devient plus difficile, chaque année».

Expostions en concertation

«Le Schaulager va accroîtr la pression sur les musées, poursuit-elle. Nous, nous espérons conserver notre spécificité car nous accueillons de nombreuses familles.»

Dans un futur proche, le Musée des beaux-arts de la ville, le Musée Tinguely et la Fondation Beyeler ont en tout cas décidé d’unir leurs forces: ils organisent pour 2004 une exposition à trois volets, autour de Schwitters, Arp, Calder, Miro et Tinguely.

swissinfo, Ariane Gigon Bormann, Bâle

Bâle compte une quarantaine de musées.
Le Musée des Beaux-Arts est le premier au monde à avoir ouverts ses portes au public.
Le Musée Tinguely a ouvert en 1996.
La Fondation Beyeler (1997) à Riehen est l’un des premiers de Suisse avec quelque 300 000 visiteurs par an.

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