Quand Thibault (re)marche sur les murs…

Une voix fragile sur des guitares polychromes... le jeune romand Thibault publie une nouvelle version de son album «Marcher sur les murs».
Un album réalisé en France, avec le soutien du chanteur Franck Lécole et d’une pléiade de pointures musicales.
«Marcher sur les murs»… Au cours de l’album, l’expression revient dans deux chansons. Quel sens y met donc Thibault, batteur et pianiste réincarné dans la peau d’un chanteur? «Marcher sur les murs… J’y tiens beaucoup. Déjà parce que c’est dangereux. Ensuite parce que ça veut dire préserver son coin de liberté».
Thibault est né dans le Jura bernois. Musique classique. Puis batterie, et piano. Swiss Jazz School à Berne. De très nombreuses scènes, notamment à travers la comédie musicale «Up with people». Et puis, un changement de cap, dû au chanteur Franck Lécole.
«La collaboration a commencé il y a trois ans, explique Thibault. On s’est rencontré en Suisse, lors d’un casting pour la Pop Academy, une école d’art en Belgique. Moi, j’étais à la Swiss Jazz School, et je voulais être pianiste mercenaire, jouer pour le plus offrant… Franck m’a convaincu que j’avais des choses à dire, et à dire maintenant, à travers un album».
Un album en deux versions
«Je ne suis pas tellement quelqu’un qui met des mots sur les sentiments. Je le faisais plutôt à travers la musique. Par contre, Franck le fait très bien. Ces chansons ont été écrites après des heures de discussion, parfois de rigolade ou de conflit», explique Thibault à propos de leur collaboration.
Franck et Thibault se lancent donc dans la production de «Marcher sur les murs», qui paraît en 2003, en Suisse uniquement. «Franck m’a fait vivre ce que je croyais être quatre jours d’enfer, mais ça fait trois ans que ça dure», rigole Thibault.
Effectivement, trois ans plus tard, c’est une nouvelle mouture de cet album qui paraît, orientée cette fois-ci sur le marché français. Cinq chansons sont restées, cinq autres ont été remplacées par de nouveaux titres. Thibault a pris le temps de mieux définir ce qu’il voulait, et surtout de se faire bien entourer.
«Je n’avais pas l’idée de chanter… mais maintenant que j’y suis, j’y suis bien et je n’ai pas envie de changer. C’est magnifique de pouvoir dire ce qu’on a à l’intérieur, et d’avoir la chance que les gens l’entendent peut-être un jour!»
A tel point que Thibault ne joue pas une seule note de son nouvel album: «Les gens qui jouent sur cet album étaient bien meilleurs que moi! J’avais joué dans la 1ère version du disque, mais quand j’ai vu qui jouait cette fois-ci, j’ai dit: ‘je crois que c’est mieux si c’est toi qui le fais!»
«Les gens», c’est-à-dire par exemple le batteur Maxime Garoute (Zazie), le bassiste James Eller (Paul McCartney, Pretenders), le pianiste Medhi Benanni (Calogero), le guitariste et arrangeur Lol. On comprend soudain la timidité de Thibault.
Un casting dû au carnet d’adresses du producteur Mohamed Mestar, qui a signé Franck Lécole et Thibault sur son label Maquistador. «C’est la magie de Momo, qui, de par le travail de Franck, a voulu investir sur cet album, et ‘mettre la chantilly’, comme il dit», explique Thibault.
Une voix tendue et fragile
A l’arrivée, un album attachant, bourré de guitares multicolores, et une ambiance générale qui oscille entre pop-rock à la française (Aubert, Raphaël, Calogero) et variété. La voix de Thibault, haute, à la fois tendue et fragile, scintille sur des arrangements qui balancent – «La bonne aventure», «Tomber», ou le sobre «Ainsi va la vie».
Mais on frôle parfois le doucereux avec des ballades musicalement plus naïves, comme «Triste nouvelle». Dans ces cas-là, on regrette que la fissure ne l’emporte pas davantage sur la délicatesse.
Quoi qu’il en soit, «Marcher sur les murs» est là et bien là, doté d’une production qui permet de mettre en valeur la personnalité ambiguë – ange ou démon… les photos du booklet laissent planer le doute – de Thibault.
Le jeune artiste vit donc un moment-charnière de sa trajectoire. Comment envisage-t-il les mois, les années à venir? «Après la Suisse, la promo va se faire en France. Il faut que cet album vive, et qu’on se donne les moyens de le jouer sur scène. Et puis le 2e album est déjà plus ou moins écrit. Ces 3 à 4 prochaines années sont donc déjà bien engagées», répond-il, confiant.
swissinfo, Bernard Léchot
«Marcher sur les murs», 1er album de Thibault
Label: Maquistador
Producteur exécutif: Mohamed Mestar
Sortie prévue en France et en Suisse: fin mai 2006
– Aujourd’hui âgé de 26 ans, Thibault est né dans le Jura bernois.
– Avec un père chef d’orchestre, Thibault passe d’abord par la musique classique. Puis il apprend la batterie et le piano, et est engagé comme batteur dans la comédie musicale «Up with people»; tournée internationale.
– Il intègre ensuite la Swiss Jazz School de Bern, et prend des cours de chant à la Pop Academy de Belgique. Sans oublier de jouer dans des groupes, jazz, rock, variétés…
– L’album «Marcher sur les murs» sort en Suisse en 2003. C’est une version augmentée et largement améliorée qui paraît en 2006.

En conformité avec les normes du JTI
Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative
Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !
Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.