Dans «Avanti», Carlo Brandt cède à la tentation égotiste

Le sulfureux Pasolini, l’un des auteurs dits par Carlo Brandt Keystone

Pour son solo joué au Théâtre de Vidy-Lausanne, l'acteur suisse s'est appuyé sur des textes de Pasolini, entre autres. Il dit la soif de liberté et de justice. Si peu troublant.

Pourquoi Carlo Brandt s’est-il attaqué à des textes écrits par trois personnalités italiennes du XXe siècle: Antonio Gramsci, philosophe marxiste mort en prison, Pier Paolo Pasolini (que l’on ne présente plus) et Antonio Négri, militant d’extrême gauche, accusé d’avoir dirigé les Brigades Rouges?

Le mystère reste entier à l’issue du spectacle intitulé «Avanti» et présenté sous le chapiteau de Vidy dans la mise en scène de Barbara Nicolier.
Rien sur les planches ne justifie l’adaptation théâtrale de ces textes. Ni cet écran géant qui barre l’horizon du plateau et reproduit des images de corps ensanglantés, ni ce feu qui surgit d’une petite baignoire en zinc, ni l’interprétation de Brandt qui aligne comportements curieux et situations exacerbées.

Mauvaise tragédie

L’acteur joue nu. Mais sa nudité n’est pas perçue comme une nécessité dramaturgique. Elle s’apparente plutôt à un effet de manche où la tentation égotiste (Brandt a un beau corps), écrase les textes qui évoquent la complexe histoire du communisme, des luttes ouvrières et de l’action insurrectionnelle. Dans une scène paroxystique, l’acteur multiplie les sauts en l’air, se couche à plat ventre, virevolte comme un rappeur puis tourne sur lui-même comme un derviche.

Sa transe est une mauvaise tragédie sous le poids de laquelle s’écroule une des fondations des textes dits: le va et vient entre le besoin de liberté et la violence qu’il engendre.

On sort de la représentation sans le moindre malaise. Ce qui, s’agissant de lutte armée, n’est guère le signe d’une réussite.

Ghania Adamo

«Avanti» à Lausanne, Théâtre de Vidy, jusqu’au 14 octobre. Tel: [phone]