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Règlement de compte autour de la Cour de justice de Genève

Laurent Kasper-Ansermet, un candidat qui apparamment gène pas mal de monde. Keystone Archive

Actuellement juge d'instruction, Laurent Kasper-Ansermet est candidat à la Cour de justice. Sa propre formation politique, le Parti libéral, lui a retiré son investiture, et favorise l'élection d'une démocrate-chrétienne jeudi au Grand Conseil. L'ancien procureur refuse de mettre en sourdine la lutte contre le blanchiment d'argent.

Mais qu’allait-il faire dans cette galère? Aurait-on dit à une autre époque concernant Laurent Kasper-Ansermet, 53 ans, ancien avocat, ancien banquier et juge d’instruction à Genève, chargé des dossiers complexes.

Il se retrouve candidat à la Cour de justice contre l’avis de son propre parti, le Parti libéral. Jeudi, le Grand Conseil doit choisir entre lui et l’avocate et ex-juge démocrate-chrétienne Antoinette Salamin.

Il s’agit de remplacer le poste laissé vacant par le juge libéral Yves Grandjan. Mais apparemment, cette formation politique préfère perdre un siège, plutôt que de favoriser l’élection de Laurent Kasper-Ansermet, pourtant membre du Parti libéral.

A une courte majorité, cette formation de droite a préféré lui retirer son étiquette politique. Si le socialiste Bernard Bertossa donne des boutons à ce parti politique proche des avocats d’affaires et des banquiers privés, le magistrat Laurent Kasper-Ansermet les couvre carrément de furoncles.

En effet, cet homme de droite s’est toujours montré favorable à une politique judiciaire qui débarrasserait la place financière genevoise des narco-dollars et de l’argent du crime organisé. Laurent Kasper-Ansermet s’est notamment opposé aux directives du Parti libéral préconisant une mise en sourdine de la lutte contre le blanchiment d’argent.

Un gros boulet lié à l’affaire Gaon

L’ancien procureur traîne également un gros boulet derrière lui, lié à l’affaire Gaon. P.C., l’expert qu’il avait recruté en 1994 pour enquêter sur la santé financière de l’ancien propriétaire du Noga Hilton, a tenté de soutirer 2 millions de francs à Nessim Gaon. Pire, il accuse Laurent Kasper-Ansermet d’avoir été au courant de cette magouille.

Le magistrat risque d’être mouillé dans les mois prochains lors du procès de l’expert. «Je me présente donc en candidat indépendant et je me sens libre de mes prises de position», commente l’ancien adjoint de Bernard Bertossa. Jeudi, le Grand Conseil genevois, acquis à la gauche à une très faible majorité, devra choisir entre deux candidats de droite.

Socialistes et militants de l’Alliance de gauche vont-ils favoriser l’élection d’un magistrat, farouche adversaire de la criminalité en col blanc, ou considèreront-ils qu’il ne s’agit que d’un combat entre deux candidats de droite ?

L’éviction de Laurent Kasper-Ansermet marquerait un tournant – un de plus – dans la politique judiciaire menée dans la Cité de Calvin depuis 1990.

Ian Hamel

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