Etude CVCI: le Conseil d’Etat dénonce des chiffres «mensongers»
Le Conseil d'Etat vaudois démonte les conclusions d'une étude de la Chambre vaudoise du commerce et de l'industrie (CVCI), qui a épinglé cet été la gestion de l'aide sociale dans le canton. La ministre en charge de l'action sociale, Rebecca Ruiz, dénonce des chiffres "mensongers."
(Keystone-ATS) Selon l’étude mandatée par la CVCI et publiée en août, seules 38% des dépenses de l’aide sociale arriveraient aux bénéficiaires. Ce taux est «totalement faux», assure mardi le Conseil d’Etat dans un communiqué.
Selon lui, ce n’est pas 38% mais 93% des prestations allouées par le Canton qui vont directement dans la poche des bénéficiaires. Les frais de gestion ne représentent ainsi que 7% du total des dépenses, ajoute-t-il, se référant à une contre-analyse réalisée par la Haute école de travail social de Fribourg.
Interrogée dans la Matinale de la RTS, Rebecca Ruiz estime qu’une «analyse basique» des comptes de l’Etat de Vaud permet de voir que les chiffres avancés par la CVCI sont «mensongers». Selon elle, ils portent atteinte à la politique sociale du Canton et «sous-entendent qu’une armée de fonctionnaires se tournent les pouces» au détriment des bénéficiaires de l’aide sociale.
Méthodologie critiquée
L’étude de la CVCI relevait aussi que Vaud pourrait économiser 250 millions de francs par an avec une gestion plus efficiente de l’aide sociale, sans diminuer les prestations aux bénéficiaires, s’il optimisait ses dépenses à la manière du canton de Berne. Là aussi, «cette affirmation est totalement erronée», dénonce le Conseil d’Etat dans son communiqué.
Selon les comptes 2024, la prise en compte de toutes les charges administratives de l’entier du dispositif social avoisine les 180 millions de francs. Une somme qui couvre «des charges relatives à l’examen des demandes, aux contrôles pour éviter les abus, à l’accompagnement des jeunes vulnérables (…), mais aussi d’autres tâches concernant le secteur de l’hébergement médico-social, etc», détaille le Conseil d’Etat.
Il conclut ainsi qu’il n’est «matériellement pas possible d’économiser 250 millions sans toucher aux prestations.»
Pour Rebecca Ruiz, l’étude de la CVCI comporte «des biais méthodologiques» importants, notamment sur le fait que les prestations vaudoises ne correspondent pas à celles octroyées dans le canton de Berne. Cette étude «compare des pommes avec des poires», affirme-t-elle. Et d’ajouter que le Conseil d’Etat a demandé à la CVCI de retirer l’étude de son site internet.
La CVCI se défend
Réagissant par voie de communiqué, la CVCI reconnaît que «des divergences méthodologiques subsistent encore et toujours». Elle ajoute que ces différends «ne pourront être clarifiés et détaillés via des communiqués de presse.»
La CVCI souligne que son étude a été réalisée «par un institut de recherche réputé», en l’occurrence Swiss Economics. Mais aussi que l’un des modèles remis en question «se base sur une méthodologie éprouvée et utilisée notamment depuis des années par l’Institut de hautes études en administration publique (IDHEAP)».
Même si l’exercice est «complexe», les comparaisons cantonales gardent «une grande utilité», juge la CVCI. «Notre intention première était de chiffrer le sujet de l’efficience et de lancer un appel à l’action politique», ajoute-t-elle.