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Comment contenir les coûts de la santé

Sous le régime actuel, les primes de maladie ne cessent d'augmenter. Keystone

A une semaine du débat au Parlement, la question de la caisse-maladie unique qui devrait, selon ses partisans, limiter les coûts de la santé, enflamme le débat.

La gauche condamne la concurrence entre les caisses et réclame une assurance véritablement sociale. Mais pour les assureurs, la caisse unique affaiblirait la qualité et la diversité de l’offre.

Lundi, c’est santésuisse qui a ouvert les feux. Pour l’association faîtière des assureurs maladie, la question de la caisse unique est «un faux débat» et son instauration ne ferait qu’accentuer les points faibles du système actuel.

Devant la presse, l’économiste de la santé Willy Oggier a présenté une étude qui analyse les débats politiques sur la réforme du système de santé dans les pays voisins de la Suisse. L’Allemagne, la France, l’Italie et l’Autriche ont toutes tendance à se distancier peu à peu de l’idée d’une caisse maladie unique.

Pour santésuisse, en cas de succès de l’initiative, il faudrait s’attendre à une accélération de la spirale des primes, puisqu’une caisse qui aurait le monopole n’aurait aucun intérêt à faire baisser les coûts.

Ce qui risquerait de baisser, par contre c’est la qualité des services et l’offre des prestations.

Rien ne vaut la concurrence

En outre, avec une caisse unique, les assurés perdraient évidemment la faculté de choisir la caisse la moins chère. Et les assureurs n’auraient plus aucune motivation à créer des produits innovants, estime Willy Oggier.

Quant aux dépenses que les assureurs maladie consacrent à la publicité, régulièrement critiquées par les partisans d’une caisse unique, elles sont «minimes», et elles constituent l’expression d’une concurrence réelle entre les assureurs, souligne l’économiste.

Finalement, santésuisse juge qu’il existe de meilleurs moyens pour faire baisser les coûts de la santé.

Et de citer la liberté de contracter liée à des meilleures incitations dans le contexte du financement hospitalier, l’amélioration de la compensation des risques et la prise de mesures «plus percutantes» dans le domaine des médicaments.

«Pas un champ de bataille»

Mardi, c’est le Parti socialiste (PS) qui est monté au créneau pour défendre l’initiative. Selon lui, l’assurance-maladie doit être une véritable assurance sociale et non pas «le champ de bataille d’une concurrence absurde entre plus de 90 caisses».

Dix ans après l’entrée en vigueur de la nouvelle Loi sur l’assurance maladie, la «prétendue» concurrence entre les caisses-maladie n’a pas empêché l’explosion des coûts de la santé et, partant, celle des primes, a dit à la presse Hans-Jürg Fehr, président du PS.

Bien au contraire, le système amène une spirale des augmentations de primes et débouche sur une chasse aux «bons risques» (soit aux assurés jeunes et en bonne santé), a renchéri le vice-président du Parti Pierre-Yves Maillard.

Pour les socialistes, une caisse unique permettrait de mettre fin à ces «aberrations» et rendrait superflu le système actuel, lourd et complexe, de compensation des risques entre les caisses.

Elle ferait en outre économiser 3% de frais administratifs, soit plus d’un demi-milliard de francs par an, et fonctionnerait en toute transparence, avec un meilleur contrôle des prestations.

L’AVS de la santé

L’autre avantage de l’initiative est de laisser au législateur la marge de manœuvre nécessaire pour l’organisation et le financement futurs de la caisse unique. Le PS est favorable à un modèle calqué sur celui de l’AVS, la caisse étatique de prévoyance vieillesse.

S’agissant des primes, les socialistes suggèrent que les cantons continuent à les fixer, mais en tenant compte du revenu et de la fortune des assurés, comme le demande l’initiative. Ce qui permettrait de mettre fin à l’actuel système antisocial des primes par tête et de soulager les familles et la classe moyenne.

En outre, seuls les contribuables devraient payer des primes, ce qui exempterait les enfants et les adolescents en formation, propose le PS.

swissinfo et les agences

– En Suisse, l’assurance-maladie est gérée par des dizaines de caisses privées, qui offrent une multitude de prestations diverses.

– Une initiative populaire soutenue par la gauche entend introduire une caisse-maladie unique pour l’assurance de base, obligatoire pour tous, avec des primes fixées en fonction du revenu.

– Cette caisse serait gérée par des représentants des pouvoirs publics, des fournisseurs de prestations et des organisations de défense des assurés.

– Les assureurs sont fermement opposés à ce système. Ils estiment qu’il est incapable de faire baisser les coûts.

– Ils préfèrent le libre choix du médecin ainsi que des actions sur le financement des hôpitaux et le prix des médicaments.

– En 2005, les coûts de la santé ont augmenté de 5,4% en Suisse. En moyenne, chaque assuré paye 228 francs par mois à sa caisse maladie

L’initiative populaire «pour une caisse maladie unique et sociale» a été déposée en décembre 2004, munie de 110’000 signatures.
Elle devrait être soumise au peuple l’année prochaine, le gouvernement recommande de la refuser.
La Chambre basse du Parlement doit en discuter la semaine prochaine. A l’instar de sa commission, elle devrait également recommander le rejet.

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