
France: 750’000 personnes âgées sont en situation de «mort sociale»

La solitude extrême des personnes âgées a augmenté de 150% en huit ans en France. Quelque 750'000 seniors sont en situation de "mort sociale", ne rencontrant jamais ou quasiment jamais personne, alerte mardi l'association Les Petits Frères des pauvres.
(Keystone-ATS) Ces personnes, soit 4% des 18 millions de plus de 60 ans vivant en France, n’ont aucun contact avec de la famille, des amis, le voisinage ou des associations, selon une étude de l’institut CSA réalisée en avril par l’association. Depuis 2017, cette étude mesure tous les quatre ans leur isolement en prenant en compte ces quatre cercles de sociabilité.
Le nombre des seniors en situation de «mort sociale» a augmenté de 42% par rapport au précédent baromètre de 2021, année du Covid. En 2017, ils étaient 300’000.
«Je n’ai jamais été mariée et n’ai pas eu d’enfants. Je me suis beaucoup occupée de mes parents et, à leur mort, je me suis retrouvée dans une grande solitude», confie Michelle S., ancienne formatrice dans une multinationale, âgée de 83 ans, avouant avoir trouvé refuge dans l’alcool.
Ses liens sociaux se résument à une conversation épisodique avec une amie en province, une balade une fois par mois avec un couple de voisins.
Daniel L., 77 ans, a basculé dans la solitude à la mort de sa femme en 2021. «Ni moi ni ma soeur n’avons d’enfant. Mes amis ont des problèmes de santé, je les ai perdus de vue», dit l’ancien technicien chimiste dans l’agroalimentaire.
Le vieillissement de la population explique cette explosion, ainsi que la rupture des liens sociaux pendant la crise du Covid: les plus fragiles n’ont jamais retrouvé leurs habitudes d’avant, selon les Petits Frères des Pauvres.
Près de 1,5 million de personnes âgées ne voient jamais ou quasiment jamais leurs enfants et petits-enfants, contre 470’000 en 2017, selon le baromètre. S’y ajoutent 3,2 millions de personnes sans enfants ou petits-enfants.
Le taux de suicide des 85-94 ans était de 35,2 pour 100’000 en 2022, deux fois plus élevé que la population générale.
Être sans famille proche, ne pas utiliser internet, avoir des revenus faibles, être en perte d’autonomie sont des facteurs de risques menant à la «mort sociale», relève l’association.