
La Cinquième Suisse a très clairement soutenu l’e-ID

Sans grande surprise, la diaspora a accordé un soutien beaucoup plus franc à l’introduction d’une identité électronique (e-ID) que le reste de la Suisse, qui a voté oui du bout des lèvres dimanche. Plus étonnant, les Suisses de l’étranger ont aussi massivement approuvé la fin de la valeur locative.
L’acceptation de l’introduction de l’identité électronique (e-ID), soumise au vote dimanche, n’a pas été la formalité prévue. Un long suspense a débouché sur le score très serré de 50,4% d’approbation au niveau national.
>> Lire notre compte-rendu de la votation sur l’e-ID :

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L’e-ID passe de justesse l’épreuve des urnes
Du côté de la Cinquième Suisse en revanche, c’est un plébiscite. L’analyse du vote des Suisses de l’étranger – possible seulement pour les 12 cantons qui fournissent ces statistiques – montre que près de 64% des votantes et votants expatriés ont glissé un oui dans leur enveloppe de vote. C’est 13,5 points de plus que la population générale. L’approbation dépasse les 60% dans tous les cantons analysés.
Ce résultat est conforme au schéma attendu. Les Suisses expatriés, éloignés géographiquement de leurs autorités, comptent parmi les personnes pour qui l’identité électronique devrait avoir les bénéfices les plus concrets.
La Cinquième Suisse a voté dans son intérêt
L’Organisation des Suisses de l’étranger (OSE), qui revendiquait de longue date l’e-ID, a rappelé dans un communiqué diffusé dimanche que les «solutions de cyberadministration profitent particulièrement aux Suisses vivant à l’étranger».
L’OSE a redit espérer que l’e-ID permettra «un meilleur accès à des services privés, notamment dans le domaine bancaire» et facilitera «l’exercice des droits politiques de la diaspora suisse».
Pour la politologue de gfs.bern Martina Mousson, il est clair que cet intérêt individuel a été le principal moteur du vote des Suisses de l’étranger.
Lors de la votation de mars 2021, lors de laquelle l’identité électronique avait été balayée, la diaspora s’était d’ailleurs distinguée par son soutien beaucoup plus net au projet (47% de oui, contre 36% au niveau suisse).
Un électorat plus urbain et familier de l’e-ID
Une partie des Suisses de l’étranger vivent aussi certainement dans des pays disposant déjà d’un système d’identification numérique. «Il peut donc leur paraître plus naturel d’en avoir une», avance la politologue.
La composition de la diaspora contribue par ailleurs sûrement à expliquer l’écart de vote avec la Suisse de l’intérieur, selon Martina Mousson. «Les personnes de 40 – 64 ans, aux revenus élevés, disposant d’un niveau de formation supérieur et vivant en ville sont plus représentées parmi les Suisses de l’étranger que dans le reste de la population, note-t-elle. Or nos sondages ont montré que ces profils étaient plus favorables à l’e-ID.»
La politologue rappelle qu’en Suisse, c’est bien la forte mobilisation des zones rurales en phase finale qui a failli couler le projet.
>> À ce sujet, lire l’interview du politologue de gfs.bern Lukas Golder :

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«Sur l’e-ID, beaucoup ont pris une décision instinctive à la dernière minute»
Un oui inattendu à la réforme de la fiscalité du logement
Le deuxième objet soumis au vote dimanche concernait l’«Arrêté fédéral relatif à l’impôt immobilier cantonal sur les résidences secondaires». Ou plutôt: la suppression de l’impôt sur la valeur locative.
>> Lire notre compte-rendu de la votation sur l’abolition de la valeur locative:

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Une nette majorité des Suisses ont voulu en finir avec la valeur locative
À l’échelle du pays, le oui l’a emporté à près de 58%. Seuls les cantons romands et Bâle-Ville ont refusé le projet des autorités. Dans tous les autres, y compris les cantons alpins et touristiques qui avaient fait campagne contre la réforme, la population a voté pour en finir avec cette taxe impopulaire.
Étonnamment, le oui est aussi clairement majoritaire, à plus de 61%, du côté de la diaspora.
L’objet est accepté, à plus de 60%, dans tous les cantons fournissant des statistiques séparées pour les Suisses de l’étranger. À l’exception notable de Genève, dont la population expatriée a majoritairement voté non.
Un vote de (futurs) propriétaires ?
Cette acceptation massive de la diaspora est surprenante et très difficile à interpréter, admet Martina Mousson. «Les expatriés tendent habituellement à être orientés plus à gauche politiquement, mais ce n’est pas du tout ce qu’on voit ici», remarque la politologue.
Bien que la proportion de propriétaires soit nettement plus élevée au sein des Suisses de l’étranger que chez leurs compatriotes en Suisse, la réforme adoptée dimanche ne concerne que la propriété en Suisse et ne les affectera donc pas.
Ce n’est a priori pas non plus la perspective d’être un jour propriétaire en Suisse qui a fait pencher la balance, selon Martina Mousson. «Les personnes envisageant d’acheter ou d’hériter un jour un bien immobilier en Suisse étaient un peu plus réceptives aux arguments ‘pour’ que les autres, mais pas de manière significative», explique-t-elle.
Selon la politologue, les Suisses de l’étranger «étaient surtout incertains sur cet objet et, dans l’incertitude, on tend à suivre les recommandations des autorités».
Une participation modeste
Bien qu’un sujet les concernant au premier chef était soumis au vote dimanche, les Suisses de l’étranger ne se sont pas mobilisés de manière exceptionnelle pour la votation de dimanche.
Le taux de participation de la diaspora s’est établi à près de 22%, légèrement en-deçà de la participation moyenne des cinq dernières années, qui se situe à environ 24%.
En revanche, au niveau national, la participation de 49,5% est l’une des meilleures des dernières années. «En Suisse, la mobilisation s’est accélérée en dernière minute, surtout dans les zones rurales et les agglomérations, rappelle Martina Mousson. Et ce n’est pas quelque chose qui peut s’observer chez les Suisses de l’étranger.»
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Texte relu et vérifié par Samuel Jaberg

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