L’OSR doit se réorganiser, révèle un examen interne
(Keystone-ATS) L’Orchestre de la Suisse romande (OSR) a fait l’objet d’un audit pour la première fois en raison des changements successifs à sa direction depuis 2012. Verdict: niveau de performances artistiques insuffisant, conseil de fondation dysfonctionnel et CCT dépassée.
L’audit commandé en juillet par la présidence et le bureau du conseil de fondation doit permettre de déterminer «quel répertoire l’OSR veut incarner, les publics à séduire, les marchés privilégiés, le positionnement régional, national et international, l’ambition qualitative, la collaboration avec le Grand Théâtre, ainsi que le rôle d’initiation et d’enseignement au niveau de l’instruction publique», explique Steve Emmenegger, auteur de l’examen interne, dans une interview du Temps parue mardi.
Les changements successifs à la tête de l’OSR ont engendré «une crise de valeur et l’absence de repères», déstabilisant l’orchestre. L’audit révèle des manquements administratifs au sein de la gouvernance: entrée en fonction en 2013, la présidente Florence Notter «a dû s’occuper de tâches directionnelles pour assurer les prestations de l’OSR» au moment où la direction vacillait. Elle a ainsi outrepassé son rôle stratégique et en a fâché plus d’un.
Une seule instance de direction
Le conseil de fondation est l’organisme qui «pêche», selon M.Emmenegger. Il est composé de 23 membres, ce qui «dilue les décisions et déresponsabilise l’équipe». L’auditeur propose de fusionner le conseil et le bureau du conseil en une seule instance avec les représentants cantonaux.
L’OSR pourrait aussi se doter d’un bureau des ressources humaines, «une fonction qui manque cruellement», estime Steve Emmenegger. Fort de 112 musiciens, l’orchestre nécessiterait 1,5 poste. Mais il faut faire en sorte que cette création de poste n’impacte pas trop le budget.
Rehausser le niveau
Concernant les performances artistiques de l’OSR, le niveau est insuffisant. «Les personnes interrogées ont mis une note moyenne de 6,75 sur 10», précise M. Emmenegger. Il s’agit d’une évaluation médiocre par rapport à la renommée de l’orchestre. Ce sera la tâche du nouveau directeur Jonathan Nott, qui prendra ses fonctions le 1er janvier, de «replacer l’OSR au niveau qui doit être le sien».
Bien que les musiciens de l’OSR jouent à 40% au Grand Théâtre, la communication entre les deux institutions est «difficile». L’auditeur suggère un croisement au niveau des conseils respectifs: chaque président ou directeur de l’un pourrait être présent à celui de l’autre.
Jamais renégociée, la convention collective de travail (CCT) devrait être modifiée. Steve Emmenegger juge qu’il faudrait la redéfinir sur trois ans et la réévaluer systématiquement plutôt que de la conclure pour une durée indéterminée. Les musiciens ont un bon salaire de base, mais de moins en moins de services sont réalisés dans le cadre de la rémunération forfaitaire. Certains gagnent par exemple en enseignant ou dans un orchestre de chambre.
Billets last minute
Côté billetterie, une modernisation s’impose. L’OSR pourrait se doter d’un système de vente de «dernière minute» pour les places libres ou invendues en les proposant à tarif réduit, voire gratuitement. Une pratique qui pourrait être adoptée par d’autres institutions culturelles.