Rencontre avec la première sommelière du pain de Suisse
C’est une double première: Gabi Meier est à la fois la première femme sommelière du pain et la première à intégrer la corporation des boulangers de Bâle.
Gabi Meier façonne à la spatule 150 petites pâtes à pain allongées. Elles serviront à faire des Grättimänner, comme on les appelle à Bâle. Chaque geste est maîtrisé: à 42 ans, elle manie le rouleau à pâtisserie dans l’atelier depuis qu’elle est toute petite. Aujourd’hui, Gabi Meier incarne la troisième génération à diriger la boulangerie du quartier Neubad de Bâle.
La boulangerie, qui fait aussi café, emploie 14 personnes. Gabi Meier s’occupe surtout de la vente et des tâches administratives. Cette boulangère de formation ne se rend plus que rarement dans l’atelier depuis qu’elle a développé une allergie à la poussière de farine.
En réalité, Gabi Meier voulait devenir architecte. Mais lorsque son père est tombé malade, elle a changé d’avis et est devenue boulangère. Elle dirige l’entreprise depuis ses 18 ans.
Elle ne regrette pas le moins du monde cette décision: «C’était la meilleure chose que je pouvais faire de ma vie.» Le plus beau, dit encore Gabi Meier avec enthousiasme, c’est l’odeur du pain frais le matin et le crépitement lorsqu’il sort du four. Cette passion pour le pain lui a également été utile lors de sa formation de sommelière du pain.
Une idée spontanée
Une formation que Gabi Meier a décidé de suivre assez spontanément. Cette intuition s’est révélée très chronophage. Pendant dix mois, Gabi Meier a dû étudier intensivement et assimiler une grande quantité de connaissances sur l’histoire et la fabrication du pain. Et, bien sûr, en déguster énormément.
Elle a goûté des pains du monde entier et tenté d’en établir un profil aromatique. Quel est leur goût? Quelle texture ont-ils? Comment est la croûte? Elle a également appris durant la formation à associer le pain à certains plats, à faire ce que l’on appelle des «accords», comme le font les sommeliers et sommelières en vin. Ces connaissances sont très précieuses pour la vente.
Une grande partie de sa clientèle ne veut en effet pas simplement acheter n’importe quel pain, mais aussi apprendre quelque chose. «Je pense que le pain est devenu un produit tendance, explique Gabi Meier. Avec les nombreux livres de boulangerie et les pains au levain que les gens font eux-mêmes, l’intérêt a grandi.»
Une double première
Mais Gabi Meier n’est pas seulement la première sommelière du pain. Trois jours après son examen, une autre première a suivi: elle a été la première femme admise dans la «Zunft zu Brotbecken» (la corporation des boulangers) de Bâle. Depuis trois ans, les corporations bâloises doivent en effet aussi accepter des femmes; auparavant, elles leur étaient fermées.
Malgré cette nouvelle règle, seules 7 corporations sur 23 comptent des femmes dans leurs rangs, car elles sont peu nombreuses à se porter candidates. Gabi Meier, elle, a posé sa candidature. Elle ne se revendique toutefois pas comme une pionnière: «Je me vois simplement comme une personne – j’espère que les autres aussi – et je veux simplement passer de bons moments», dit-elle.
L’adhésion d’une femme a suscité des discussions au sein de la corporation, reconnaît Beat Schwald, le maître de la corporation des boulangers de Bâle: «Lorsque des changements touchent des traditions, cela soulève toujours des questions et parfois aussi des craintes. En tant que corporation, nous avons pu les clarifier.»
Beat Schwald se réjouit que Gabi Meier ait posé sa candidature chez eux. Après tout, toutes les corporations de boulangers ne peuvent pas dire qu’elles comptent parmi leurs membres la première sommelière du pain de Suisse.
Traduit de l’allemand par Pauline Turuban à l’aide d’un outil de traduction automatique
En conformité avec les normes du JTI
Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative
Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !
Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.