Le président du CICR déplore un large fossé entre aide et besoins
(Keystone-ATS) Le président du CICR Peter Maurer a déploré jeudi l’existence d’un large fossé entre l’aide humanitaire et les besoins croissants. En Syrie, les besoins augmentent plus vite que l’aide internationale, alors que d’autres conflits souffrent d’un manque d’attention. Les problèmes de sécurité se sont aggravés.
« En Syrie, je ne peux que constater une nouvelle fois le grand décalage entre notre capacité à répondre et la vitesse avec laquelle les besoins augmentent », a déclaré le président du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) en présentant à Genève à la presse le rapport d’activités de l’organisation.
Il s’est inquiété du fait qu’une solution politique du conflit syrien ne soit pas en vue actuellement. « Nous tablons sur une prolongation du conflit », a-t-il affirmé. Depuis le début de l’année, la Syrie est devenue l’opération numéro un du CICR, avec 120 millions de francs, devant l’Afghanistan et le Mali.
« Des intérêts géostratégiques importants sont en jeu à l’intérieur et à l’extérieur de la Syrie. Il y a une situation d’impasse entre les deux camps. L’espoir d’un règlement s’éloigne à chaque fois que l’un ou l’autre des deux camps gagne une bataille », a estimé le président du CICR.
Détérioration de la sécurité
La Syrie n’est pas le seul contexte dans lequel le CICR a du mal à répondre aux besoins. « Il est plus difficile de trouver des fonds pour les tragédies oubliées, comme la République démocratique du Congo, le Sahel, la Somalie, la République centrafricaine », a déclaré Peter Maurer. La Syrie a tendance à concentrer les ressources de l’aide humanitaire. M. Maurer a en même temps précisé que le CICR n’est pas en situation de crise financière. Ses dépenses ont atteint 1,1 milliard de francs l’an dernier.
Le président du CICR s’est inquiété de la détérioration de la sécurité des travailleurs humanitaires. L’année 2012 a été la plus difficile pour le CICR depuis 2003 et 2005 sur le plan de la sécurité, a-t-il indiqué. Un délégué a été enlevé et assassiné au Pakistan, un collaborateur tué au Yémen, des attaques contre les bureaux de l’organisation ont eu lieu en Afghanistan et de graves incidents de sécurité ont eu lieu ailleurs en RDC, en Libye, en Somalie. En Syrie, depuis le début du conflit, 20 employés du Croissant-Rouge syrien ont été tués dans l’exercice de leurs fonctions.
Peter Maurer a aussi dénoncé les attaques contre le personnel et les structures de santé. Des ambulances ont été bloquées à des barrages et retardées au mépris de la vie des blessés, des hôpitaux attaqués, occupés, pillés, ou utilisés par des groupes armés. L’ex-secrétaire d’Etat a également vivement condamné le recours aux violences sexuelles, en particulier dans la région des Grands Lacs.