Le Service de l’enseignement obligatoire français audité à Fribourg

(Keystone-ATS) Les députés fribourgeois ont accepté vendredi un mandat interparti demandant un large audit externe pour le Service de l’enseignement obligatoire de langue française (SEnOF). Ils n’ont pas suivi la position du Conseil d’Etat voulant concentrer le champ d’analyse.
Le mandat a passé la rampe par 71 voix contre 25 et 7 abstentions, après un débat nourri et émotionnel sur l’état de l’école fribourgeoise. Il n’avait pas obtenu la procédure accélérée en décembre bien qu’avalisée, faute de majorité qualifiée. L’idée des douze mandataires vise à faire la lumière sur le malaise qui règne.
« Nous ne voulons pas d’une usine à gaz avec la proposition du Conseil d’Etat de lancer une vaste étude coûteuse pour comparer des modèles éducatifs », a dit le député PVL Brice Repond, l’un des mandataires. « L’audit inclura toutes les mesures imposées par le SEnOF et la Direction de la formation (DFAC) », a-t-il détaillé.
Rétablir la confiance
« Le rapport final devra contenir une analyse qualitative des solutions », a ajouté Brice Repond. Plusieurs députés ont insisté sur la nécessité d’accepter le mandat dans sa totalité en opposition avec le fractionnement souhaité par l’exécutif. A l’instar du député centriste Christian Clément pour qui « il y a un malaise profond ».
Selon lui, il s’agit de rétablir la confiance. Des voix se sont aussi fait entendre pour soutenir le Conseil d’Etat. Le gouvernement a d’ailleurs déjà initié un audit externe.
« Les allégations contenues dans le mandat devront être vérifiées », a complété son collègue vert François Ingold, favorable au fractionnement. « L’instruction publique est une vieille dame bourgeoise », a-t-il précisé eu égard à la conduite de l’enseignement dans le canton de Fribourg au cours des dernières décennies.
Licenciement d’un directeur
Il n’est pas possible de répondre aux points touchant à l’examen de l’impact des politiques éducatives sur la performance des élèves sans passer par un mandat de recherche à un institut universitaire ou une méta-analyse qui prendra plusieurs années, a expliqué en substance le Conseil d’Etat pour motiver son avis.
Les politiques éducatives ne sont pas pensées par le SEnOF, mais à un niveau supracantonal, a relevé la cheffe de la DFAC Sylvie Bonvin-Sansonnens. Selon elle, l’audit devrait uniquement « investiguer les allégations d’abus d’autorité et de mobbing que subiraient des employés du SEnOF ainsi que déterminer l’existence de conflits d’intérêts potentiels ».
La discussion de vendredi devant le plénum est intervenue dans le contexte du licenciement retentissant survenu à fin janvier du directeur du Cycle d’orientation de La Tour-de-Trême par la DFAC. Cette dernière lui reproche en substance « d’avoir informé des tiers d’éléments relatifs à l’avertissement » dont il faisait l’objet.
Depuis, le directeur du CO en question a porté l’affaire devant le Tribunal cantonal il y a un mois. Cité dans les médias fribourgeois, son avocat a constaté que les conditions pour un licenciement avec effet immédiat n’étaient pas remplies « à la fois en ce qui concerne le motif invoqué et le respect des prescriptions légales ».