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Mort de l’ex-GI français Bernard Dargols, vétéran du Débarquement

Bernard Dargols devant sa jeep qu'il avait appelé "La Bastille", du nom de son quartier d'origine (archives). KEYSTONE/AP Dargols' Family sda-ats

(Keystone-ATS) L’ex-GI français Bernard Dargols est mort dimanche à l’âge de 98 ans, a-t-on appris mardi auprès du musée français du Mémorial de Caen. Il avait débarqué le 8 juin 1944 à 24 ans en Normandie sous la bannière américaine.

La nouvelle, annoncée lundi soir sur les réseaux sociaux, a été confirmée au Mémorial de Caen. « Nous avons l’immense tristesse de vous faire part du décès de Bernard Dargols hier (dimanche) soir, entouré des siens, à quelques jours de fêter ses 99 ans. Il va nous manquer terriblement », peut-on lire sur la page Facebook « Bernard Dargols, un GI français à Omaha Beach », du nom du livre de sa petite-fille Caroline Jolivet.

Né en mai 1920, ce vétéran était parti en 1938, à 18 ans, pour un stage outre-Atlantique. Il s’était engagé dans l’armée américaine après la poignée de main entre Adolf Hitler et le maréchal Pétain en octobre 1940 à Montoire (centre de la France). Le futur Franco-Américain ne savait pas que cela lui permettrait de revenir en France où son bilinguisme serait un atout précieux.

Attente et « angoisse »

Dans son livre, la petite-fille de Bernard Dargols raconte pour lui la longue attente avant le Débarquement allié du 6 juin 1944, l’inquiétude pour sa famille, la traversée sans escorte vers l’Angleterre et puis, le 8 juin, « l’angoisse » qui « décuple », « le bruit assourdissant des bombardements ».

« Certains GIs tombaient à l’eau. Par quel miracle allais-je réussir à parcourir ces derniers mètres (avant la plage, NDLR) (…) Si le Liberty Ship avait eu une marche arrière rapide, je crois que j’aurais demandé à ce qu’on l’actionne », lit-on.

Quelques longues heures plus tard, à bord de sa jeep estampillée « La Bastille », il retrouve sa terre natale après six ans d’absence et ses habitants qui en croient à peine leurs oreilles.

« Quelle émotion pour moi d’entendre parler français, d’être pris dans les bras par des gens beaucoup plus âgés que moi qui m’appelaient libérateur », racontait cet homme d’origine juive qui a perdu un oncle et une tante dans les camps de concentration nazis et dont la mère est restée à Paris pendant la guerre.

« Si j’avais gardé toutes les bouteilles de Calva qu’on m’a données je crois que j’aurais pu ouvrir une épicerie fine! », plaisantait ce bon vivant.

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