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AVS: un mardi noir pour la gauche

Un public attentif assiste au débat sur l'assurance vieillesse. Keystone

La gauche a subi mardi une cuisante défaite dans le cadre de la 11e révision de l'AVS. L'âge de la retraite des femmes passera à 65 ans. De plus, la majorité bourgeoise du Conseil national n'accorde que 400 millions pour favoriser la retraite anticipée des petits revenus.

Mis à part la gauche, il s’est trouvé peu de monde pour combattre la hausse de l’âge de la retraite des femmes. Dès 2009, l’âge légal pour quitter le travail sera fixé à 65 ans, comme pour les hommes.

La libérale genevoise Barbara Polla a notamment expliqué que les femmes vivent statistiquement plus longtemps. Or, ce «cadeau de la vie» justifie à lui seul qu’hommes et femmes soient mis sur un pied d’égalité.

A gauche, l’écologiste vaudoise Anne-Catherine Ménétrey-Savary a bien essayé de maintenir l’âge de la retraite des femmes à 64 ans, puisque ces dernières sont encore discriminées au niveau des salaires et du 2e pilier. Sa proposition a cependant été balayée par 113 voix contre 67.

Mais l’augmentation de l’âge légal de la retraite, déjà initié lors de la 10e révision, doit être compensée par un système permettant à ceux qui le veulent d’arrêter plus tôt de travailler. La conseillère fédérale Ruth Dreifuss a d’ailleurs rappelé aux députés que cette proposition n’est pas «un sucre pour faire passer une potion amère, mais un engagement».

Mais le problème, c’est que retraite anticipée rime avec réduction des primes pour le restant de la vie. Du coup, seuls les plus hauts revenus peuvent se permettre cette formule. Pour compenser cette inégalité, le gouvernement prévoyait donc de dégager une somme d’environ 400 millions de francs.

Plus généreuse, la commission du Conseil national proposait de doubler cette somme. Quant à la gauche, elle demandait des compensations de l’ordre de 1,5 milliard de francs.

Après trois heures de débats, le Conseil national s’est finalement décidé pour une formule à 400 millions. Pour une majorité des députés de droite, une somme supérieure aurait été exagérée et aurait remis en cause le financement à long terme de l’assurance vieillesse.

Toutes les propositions de la gauche, plus onéreuses, ont donc été repoussées. Les députés ont cependant également refusé le statu quo défendu par les milieux proches du patronat, soit une déduction arithmétique des rentes.

La formule à 400 millions diffère toutefois quelque peu de la proposition du Conseil fédéral, quant au mode de calcul. La version retenue est une proposition de la démocrate-chrétienne fribourgeoise Thérèse Meyer. Le système retenu prévoit de réduire les rentes entre 11,3 et 16,5% pour une retraite à 62 ans, entre 6,9 et 10,7% à 63 ans et entre 2,9 à 5% à 64 ans.

Mais la gauche fait grise mine et juge cette solution nettement insuffisante. «On aurait à la rigueur pu se contenter d’une compensation de 800 millions, mais en aucun cas inférieure», déclare la socialiste genevoise Liliane Maury Pasquier.

Après la défaite devant la Chambre du peuple, la gauche place maintenant tous ses espoirs dans le Conseil des Etats. Sans trop y croire cependant. Du coup, à gauche, l’arme suprême du référendum est déjà dans toutes les têtes.

Olivier Pauchard

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