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Des succès, des échecs et des promesses

Parmi les pôles de développement cantonaux, Y-Parc d'Yverdon-les-Bains a connu une croissance rapide. (Photo: Régis Colombo) Régis Colombo

Depuis 1998, sept entreprises ont reçu le Prix Start Up à Yverdon. Certaines ont prospéré, d'autres sont mortes, d'autres en plein développement.

Le palmarès témoigne de l’éclectisme de la commission de sélection et du jury. Du thermomètre haute technologie aux transmissions radio basse consommation, toute bonne idée est bonne à prendre.

L’objectif du Prix Start Up est clair: il s’agit de susciter la création d’entreprises – et d’emplois – à Yverdon ou dans sa région. Une clause du règlement du prévoit explicitement que les nouvelles sociétés doivent s’installer sur le site d’Y-Parc.

«C’est une clause que nous sommes pratiquement les seuls à avoir. Et elle est peut-être invalidante, admet André Dutoit, directeur administratif du Parc et responsable du Prix. Mais nous ne voulons pas simplement donner un chèque et « au revoir, merci ». Le but est d’accompagner ces entreprises et de les voir se développer.»

Avec sept ans de recul, peut-on parler de succès? «Oui et non, répond André Dutoit. Nous n’avons pas encore trouvé le nouveau Nestlé, ni le nouveau Logitech, mais il y a des réalisations et du potentiel.»

Réponse de Normand? Qu’on en juge…

1998: une bonne idée… qui part en France

Première édition du Prix, premier succès. Chimiste de formation, Daniel Salanon travaille dans la vente de produits médicaux lorsqu’il s’avise que les centres de transfusion sanguine ont parfois des problèmes de rupture de la chaîne du froid.

Il imagine alors une solution à la fois plus fiable que les bandelettes qui changent de couleur quand la température monte et moins chère que les capteurs électroniques déjà existants.

L’idée est bonne. Elle intéresse rapidement l’Ecole d’ingénieurs d’Yverdon, puis le géant de la distribution Migros et la Commission fédérale technologie et innovation.

Spy-T est né. Pas plus grand qu’une boîte d’allumettes, ce capteur se fixe dans les frigos et traque le moindre écart de température. En cas de problème, il est capable de dire exactement depuis quand la chaîne du froid est rompue.

Le succès est rapide, tellement même que Spyco tombe dans l’escarcelle d’un concurrent français. Aujourd’hui, les capteurs sont fabriqués par Jules Richard Instruments à Paris, qui en vend autant que des petits pains. Notamment aux supermarchés.

1999: l’interrupteur en caoutchouc

Elève à l’Ecole d’ingénieurs de l’Etat de Vaud, Laurent Dellsperger s’est probablement ému de voir ses professeurs s’escrimer avec les commandes électriques de leurs tableaux noirs, pas toujours pratiques lorsque l’objet fait 10 mètres de long.

Il imagine alors de remplacer les interrupteurs classiques par un tube de caoutchouc, qui court sur toute la longueur du tableau. A l’intérieur, une onde lumineuse rend le système intelligent et capable de réagir à l’intensité et à la localisation d’une pression exercée n’importe où sur le tube.

Le système fonctionne sans contact électrique, il est particulièrement fiable et permet de grosses économies de câblage. Et ses applications potentielles vont bien au-delà des tableaux noirs, marché plutôt restreint.

Prix en poche, Laurent Dellsperger s’installe à Y-Parc, où la société qu’il a créée emploie aujourd’hui trois personnes. Mais ce ne devrait être qu’un début.

2000: la trottinette dont Honda n’a pas voulu

En 2000, le Prix Start Up récompense une idée plutôt «fun»: celle d’une trottinette à moteur. Michel Heymeyer, son concepteur, n’entend toutefois pas faire de son «Roadsterr» un jouet, mais un vrai VLM (véhicule léger motorisé).

Il se met en quête des autorisations de circuler et parvient à intéresser rien moins que la marque Honda pour la production en série. Hélas, le géant nippon se ravisera après quelques temps. Le projet ne verra jamais le jour.

2001: du titane bien poli

Français d’origine polonaise, Olivier Piotrowski, lauréat du Prix 2001 est docteur en chimie de l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne.

Sa trouvaille: un nouveau procédé électrochimique pour le polissage du titane et de ses alliages. Jusqu’ici, il faut «poncer» ces métaux mécaniquement. Les seuls produits qui permettent de le faire par trempage sont très instables et présentent de sérieux risques d’explosion.

Au contraire, le procédé mis au point par Olivier Piotrowski est sûr et inoffensif pour l’environnement. Sachant que le titane est de plus en plus utilisé, pour les prothèses dentaires ou osseuses, mais également pour les montres de luxe ou les clubs de golf par exemple Titanium Engineering devrait avoir un bel avenir devant elle.

Pour l’heure, la société emploie une dizaine de personnes, à Yverdon.

2003: pour couler les tuyaux en plastique

En 2002, le jury décide de ne pas décerner le Prix Start Up. Si les 11 dossiers présentés ont tous d’incontestables qualités, aucun ne satisfait aux critères de technologie et d’innovation nécessaires.

L’année suivante voit la récompense attribuée à Joseph Schillaci, mécanicien, informaticien, spécialiste du multimédia au service d’une organisation internationale, venu par hasard à la fabrication des tubes en plastique.

Qualifiée de «révolutionnaire», son invention est une tête d’extrusion modulaire, soit une machine à couler le plastique en forme de tube, qui permet de fabriquer des tuyaux ou des gaines de câbles solides, sans soudure, avec une économie substantielle de matière première.

Le lauréat travaille toujours à Yverdon, d’où il s’occupe maintenant de la commercialisation de son produit. Et les ventes démarrent peu à peu.

2004: le sans fil économique

En 2004, le Prix Start Up récompense une équipe d’ingénieurs venus d’horizons divers, spécialisés dans la communication par ondes radio à très basse consommation d’énergie.

Contrôle à distance de jauges ou de compteurs d’électricité, de gaz ou d’eau, systèmes d’alarme, mais également positionnement de voiliers au cours d’une régate via le GPS: les applications sont multiples.

En plein développement, leur société Y-Lynx était présente la même année à une exposition internationale à Shanghai et elle vient de décrocher cet été sa place dans l’incubateur de jeunes entreprises d’Amsterdam, soutenu par l’Agence spatiale européenne.

De là à dire qu’Y-Links, qui fait déjà vivre huit personnes, ne devrait pas tarder à prendre son envol…

swissinfo, Marc-André Miserez

– Né en 1986 sur les cendres de la débâcle d’Hermes Précisa, Y-Parc, le parc scientifique et technologique d’Yverdon-les-Bains (Nord vaudois) décerne un Prix Start Up depuis 1998.

– Le capteur de température récompensé en 1998 est désormais fabriqué en France et la trottinette à moteur de l’édition 2000 n’a jamais vu le jour.

– Par contre, les autres entreprises lauréates sont toujours à Yverdon, le plus souvent en plein développement. En comptant TouchMind (Prix 2005), elles occupent aujourd’hui ensemble 34 personnes.

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