Au moins 90 morts et 400 blessés dans un attentat à Kaboul
(Keystone-ATS) Un attentat au camion piégé a fait au moins 90 morts et plus de 400 blessés mercredi vers 08h30 dans le quartier diplomatique de Kaboul, selon un bilan encore provisoire. Aucune revendication n’a été émise dans l’immédiat.
« 90 personnes ont été tuées et 400 ont été blessées, dont nombre de femmes et d’enfants », a annoncé le centre d’information gouvernemental, cité par l’AFP. Un précédent bilan faisait état de 80 morts. Le ministre de la Santé a souligné que le bilan risquait de s’alourdir encore au fur et à mesure que des corps étaient retirés des décombres.
Les autorités ont comptabilisé au moins 463 blessés, a déclaré le vice-ministre de l’Intérieur Mourad Ali, repris par Reuters.
La déflagration s’est produite près de l’entrée fortifiée de l’ambassade d’Allemagne, sur une rue très fréquentée à cette heure de pointe de la matinée. « Il y a plusieurs autres enceintes importantes et des bureaux à proximité. Il est difficile de dire quelle était la cible exacte », a dit un porte-parole de la police de Kaboul.
La mission de l’Otan à Kaboul, Resolute Support, a précisé dans un communiqué que les forces de sécurité afghanes venaient d’empêcher le véhicule, un camion-citerne transportant des eaux usées, de pénétrer dans la « zone verte » placée sous haute sécurité lorsqu’il a explosé.
Le véhicule « contenait plus d’une tonne et demie d’explosifs. L’explosion a laissé un cratère de sept mètres de profondeur », a indiqué une source occidentale informée à Kaboul. La déflagration a été provoquée par un kamikaze, selon le ministère de l’Intérieur.
Journalistes blessés
Parmi les victimes figurent notamment onze gardes de sécurité afghans de l’ambassade des Etats-Unis, un garde afghan de l’ambassade d’Allemagne et un chauffeur, également afghan, de la BBC, ainsi qu’un journaliste de la chaîne afghane Tolo.
Onze contractuels américains travaillant pour l’immense complexe diplomatique et militaire qu’entretient Washington à Kaboul, deux employés de l’ambassade allemande et quatre journalistes de la BBC ont également été blessés.
Plusieurs ambassades étrangères ont fait état de dégâts matériels, dont celles de France, d’Allemagne, du Japon, de Chine, de Turquie, des Emirats arabes unis, d’Inde et de Bulgarie.
DDC touchée
La forte explosion a aussi brisé de nombreuses fenêtres dans le bâtiment du Bureau du développement et la coopération suisse (DDC), situé à proximité du quartier touché, a annoncé le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE).
Toutefois « les employés de l’agence se portent bien », a précisé un porte-parole du DFAE contacté par l’ats. Le département a condamné cette « attaque méprisable » dans les termes les plus forts. Son chef Didier Burkhalter et la présidente de la Confédération Doris Leuthard ont exprimé leur sympathie aux victimes.
Condamnations
Les dirigeants afghans ont vivement condamné l’attentat. Pour le président Ashraf Ghani, il s’agit d’un « crime de guerre ».
La Maison Blanche a condamné une « attaque atroce », promettant son aide au gouvernement afghan pour traduire ses auteurs en justice. Le pape François a dénoncé une « attaque abjecte » et exprimé « ses condoléances les plus sincères à tous ceux touchés par cet acte de violence brutale ».
Devant l’hôpital Wazir Akhbar Khan, le plus proche du lieu de l’explosion, des dizaines de personnes se sont rassemblées pour tenter de retrouver un proche ou d’identifier une victime à bord des ambulances qui acheminaient les blessés et les morts.
Les blessés en état de parler ont évoqué des scènes de panique et de confusion. Certains corps acheminés plus tard à l’hôpital étaient méconnaissables.
Aucun répit
Les talibans, qui comme le groupe Etat islamique (EI) ont mené plusieurs attaques à Kaboul ces derniers mois, ont nié toute responsabilité. Ils condamnent toute attaque indiscriminée qui provoque des victimes civiles, a déclaré leur porte-parole.
Le renseignement afghan a cependant accusé le réseau Haqqani, un groupe armé allié des talibans à l’origine de nombreuses attaques contre les forces étrangères et locales en Afghanistan.
La violence de l’attentat confirme que le mois sacré du ramadan n’apportera aucun répit à la population afghane, le pays glissant de plus en plus vers le chaos.
Depuis le départ des dernières troupes combattantes de l’Otan fin 2014, les talibans ont repris le contrôle d’environ 40% du territoire du pays, selon des estimations américaines. Les autorités tiennent encore toutes les grandes capitales provinciales, parfois difficilement.