Boissonnas et la Grèce
Une exposition consacrée au photographe suisse Fred Boissonnas connaît depuis une année un énorme succès en Grèce. Prolongations.
A la Fondation Rizarion, au village de Monodendri, en Epire, l’accrochage des photos de Fed Boissonnas dure depuis un an. Devant le succès rencontré, on jouera les prolongations jusqu’en août.
Puis les images du photographe suisse partiront à Salonique, avant de se promener dans le reste de l’Europe et aux Etats-Unis. Retour en Grèce agendé pour 2004, à l’occasion des Jeux Olympiques.
A Monodendri, en moins de six mois plus 20 000 personnes, dont le président de la République grecque, ont fait le déplacement. Les affiches s’arrachent (15 000 ont été vendues) et l’album en est à sa deuxième réimpression .
Les liens helvético-grecs
Les 140 photos de Fred Boissonnas montrent la Grèce du début du siècle dernier, telle que le photographe l’avait découverte. A l’époque, le lien entre la Grèce naissante et la Suisse était très fort. Genève, notamment, était depuis le 16e siècle un centre de soutien pour l’indépendance grecque.
La Grèce n’était donc pas une terre inconnue pour Boissonnas. Sa passion pour ce nouveau pays se voit de façon flagrante dans ses photos, qui avaient d’ailleurs représenté Athènes à l’Exposition Universelle de 1919, à Paris.
Boissonnas était devenu célèbre grâce à une photo du Mont-Blanc sur laquelle il avait réussi á «séparer» le blanc de la neige du bleu de ciel. Cette photo avait fait le tour de l’Europe. A l’heure du noir et blanc, c était un exploit.
Un lord écossais l’avait alors supplié de refaire la même chose au Mont Parnasse, en Grèce. Arrivé en Grèce en 1903, Boissonnas fit la photo demandée. Et, fasciné par la lumière du ciel local, fit une vingtaine de voyages et… 7000 photos.
Le quotidien et la lumière
Boissonnas saisit le moment, les scènes du quotidien dans les villes, les campagnes, les montagnes, les îles. Il immortalise les instants de vie. Les mariages, les marchés, les gens dans la rue, l’intérieur des maisons, les femmes en costume, au lavoir ou filant la laine. Les enfants qui jouent, qui vont à l’église, qui gardent les moutons. Les hommes aux cafés à la chasse, à la guerre, les popes posant fièrement avec femmes et enfants.
Photographe du quotidien, il sait aussi capter la lumière comme nul autre. D’où une atmosphère unique, qui font de ses photos documents des photos d’art. D’où également son succès.
Photographe de la Grèce moderne
Le père de la Grèce moderne Elefterios Venizelos avait chargé Boissonnas de photographier la Grèce naissante, celle des patries récemment libérées comme l’Epire la Macédoine, les Iles Ioniennes, les Cyclades et la Crête. Boissonnas a ainsi parcouru le pays et a immortalisé le retour des troupes grecques du front balkanique.
Puis Vénizelos a perdu les élections et Boissonnas son bienfaiteur! Mais il a continué à photographier le pays et, plus tard, l’ensemble des Balkans. Le photographe a imprimé plus de 150 000 plaques photographiques, jalousement gardées á Genève. Il a fallu cinq mois de recherches à la Fondation Rizarios pour faire sa sélection!
A noter que la Suisse est à l’honneur en Grèce depuis plus d’un an: l’exposition Boissonnas fait suite à celle des archéologues Waldemar Deonna et Paul Collard, au printemps 2001 dans le cadre du prestigieux musée Benaki, qui avait été suivie par l’exposition sur l’abbaye de Saint-Gall au Musée Byzantin.
swissinfo/Angélique Kourounis, Athènes
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