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La bande dessinée au service de la foi

Pour Alain Auderset, bande dessinée est aussi synonyme d'engagement. swissinfo.ch

En Suisse romande, la bande dessinée n'est pas uniquement marquée par Zep ou Derib. D'autres dessinateurs contribuent à y faire vivre le 9e art; parmi eux: Alain Auderset.

Cet auteur installé à St-Imier (Berne), a toutefois une particularité. Il est avant tout connu dans le domaine de la BD dite «chrétienne».

Alain Auderset a récemment gagné le premier prix du Concours de bande dessinée chrétienne à Albuquerque (Etats-Unis). Cette récompense lui a été décernée par les internautes qui ont examiné les dessins de 40 autres auteurs.

Pour ce concours, le dessinateur de St-Imier a présenté trois planches tirées de «Willi Grunch», album qui paraîtra l’an prochain et dont le personnage principal se trouve confronté à la haine raciale. Ces trois planches ont été respectivement classées en 1ère, 3e et 4e place du concours.

swissinfo: Que faut-il comprendre exactement sous le terme de «BD chrétienne»?

Alain Auderset: On ne comprend pas partout la même chose. Dans cette catégorie, le Festival de bande dessinée d’Angoulême (France) décerne par exemple des prix pour des BD qui n’ont pas forcément un message typiquement biblique, mais qui contiennent un message humain assez important.

Aux Etats-Unis, en revanche, on voit que l’orientation est plus proche de la Bible. Ils ont davantage tendance à faire de l’histoire biblique. Mais quand je dis histoire biblique, je ne veux pas dire bourrage de crâne…

swissinfo: Vous êtes vous-même classé dans ce genre. Quelle est le message que vous voulez faire passer?

A. A. : Etre classé, c’est toujours quelque chose qui me fait un peu peur. J’ai deux pôles: des BD qui ont clairement un message de foi et d’autres qui sont davantage grand public. Mais même dans ces dernières, il y aura toujours des réflexions existentielles.

Mon but n’est pas de parler au nom d’une Eglise ou d’un mouvement spirituel. Je veux pouvoir donner quelque chose qui puisse aider les gens sur leur chemin de vie. J’essaie de poser de vraies questions telles que «pourquoi est-on sur Terre?».

Il y a un dessin que j’aime bien. C’est un corbillard avec une grande couronne de fleurs sur laquelle est inscrit «A mon épouse bien aimée». J’ai écrit en dessus: «N’attendez pas une grande occasion pour lui offrir des fleurs». C’est un peu de l’humour noir, mais mon but c’est d’inciter les gens à profiter de ceux qui les entourent avant qu’il ne soit trop tard.

swissinfo: Faut-il être soi-même engagé spirituellement pour faire de la BD chrétienne?

A. A. : Quand je parle de thèmes plus directement liés à Dieu, je pense que oui. On ne peut pas en parler sans le vivre, sinon c’est de la belle théorie.

Il est cependant clair que l’on trouve des messages extraordinaires sans être forcément croyant.

swissinfo: Quel est votre lectorat?

La francophonie, avec la Suisse et la France, constitue un lectorat important. Des émissions sur France2 et Arte ont un peu agrandi le territoire français pour moi.

Mais il y a plusieurs pays où je n’en suis qu’au début, notamment en Chine. Je pense que cela pourrait déboucher un jour sur quelque chose d’immense…

swissinfo: Vous aimeriez devenir le Zep de la BD religieuse?

A. A. : Je n’aimerais pas trop être identifié ainsi. Mon but n’est pas juste de faire plaisirs à des Eglises et à des chrétiens. J’essaie vraiment d’atteindre Monsieur tout le monde.

J’aimerais atteindre ceux qui ne se sentent pas concernés par Dieu, leur apporter une chose qui leur manque. J’ai conscience d’être en possession d’une immense richesse intérieure que l’on trouve dans la Bible, mais cette richesse est méprisée, parce qu’on ne la connaît pas.

swissinfo: La bande dessinée est-elle un bon support pour toucher les gens?

A. A. : C’est un excellent support, car j’arrive à aborder des thèmes auxquels on ne s’attend pas forcément en lisant une BD. Les gens sont surpris d’être ainsi touchés.

Lorsque l’on parle du sens de la vie et qu’on le met en BD, cela rend le propos plus accessible à des gens qui ne s’intéresseraient sinon pas à ces questions. J’entends souvent des gens qui me disent: «on ne voyait pas les choses comme ça». Pour moi, ce genre de réflexion est une récompense, mon salaire.

swissinfo, Olivier Pauchard

D’origine fribourgeoise, Alain Auderset vit et travaille à St-Imier, dans le canton de Berne.

Agé de 39 ans, ce graphiste de formation est marié et père de quatre enfants. Il est professionnel de la bande dessinée depuis 1994 et dispose de son propre atelier depuis 2001.

Il a pour l’heure publié quatre albums: «Robi», «Marcel», «Idées reçue 1» et «Idées reçues 2». Quelque 48’000 exemplaires ont jusqu’à présent été écoulés.

Alain Auderset édite les versions en français et en allemand à compte d’auteur. Les versions dans d’autres langues sont publiées par l’Office du libre de Fribourg (OLF).

Outre le prix du Concours d’Albuquerque, il avait déjà reçu, en janvier dernier, le Prix de la bande dessinée chrétienne lors du 34e festival international de BD d’Angoulême.

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