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Le retour très en forme(s) de Marie-Thérèse

Dans la loge, Joseph Gorgoni prépare Marie-Thérèse... swissinfo.ch

«Marie-Thérèse amoureuse», c'est le titre du nouveau spectacle de la plus célèbre blonde de Gland. Le Locle a eu les honneurs de la première.

Son nom s’inscrit en lettres de feu sur le fond noir de la scène. Car désormais, Marie-Thérèse Porchet-née-Bertholet, née à Gland (VD), est une star: elle est connue de tous les Romands, a remporté un triomphe à Paris (y compris cinq soirs à l’Olympia), a été invitée par le Cirque Knie pour sa dernière tournée.

Désormais, elle rêve de représenter la Suisse au Concours Eurovision de la chanson avec son tube: «Un cœur, un arbre, un oiseau». Très joli, d’ailleurs. «Chanson écrite par Morisod, douze mots, trois accords, un disque d’or», comme elle le précise.

Joseph Gorgoni, avec son co-auteur et mentor Pierre Naftule, ont choisi de mêler la fiction du spectacle et la réalité de l’incroyable trajectoire effectuée par cette insupportable et néanmoins sympathique commère. Voilà pour le contexte général.

Quant à l’intrigue, la voici: Marie-Thérèse tombe raide dingue d’un homme. Il s’appelle Rudi et est zurichois. Mais, problème de taille: Marie-Thérèse, qui a toujours dit des horreurs sur les Suisses allemands, ne peut afficher une telle liaison. Comment aimer un Zurichois et assumer le regard des copines? Entre sa réputation et son amour, elle devra trancher. Cornélien.

La comédie sur le fil du drame

Rencontre dans les loges, peu avant le spectacle. Joseph Gorgoni est tendu, mais souriant. Entre l’avant-première et la première, le spectacle a encore subi des retouches. Comme il y en aura encore dans les jours à venir. L’humour, cela s’écrit, mais cela se réécrit également au contact des réactions de la salle.

En matière d’écriture justement, comment fonctionne le duo Gorgoni-Naftule? «Une histoire, il faut qu’on puisse la résumer facilement. Et quand on fait une comédie, il faut que cela puisse être aussi une tragédie. C’était le cas du premier spectacle («La truie est en moi», ndlr), où Marie-Thérèse découvrait que son fils était homosexuel. C’est le cas de celui-ci: elle tombe amoureuse et fout tout en l’air parce qu’elle n’assume pas. Traitée différemment, cette histoire-là pourrait être aussi une tragédie.»

Le tourbillon Marie-Thérèse

«Marie-Thérèse amoureuse» tourne parfaitement bien. Ce nouveau spectacle permet de retrouver l’univers de la dame: son chien Bijou, son fils, ses copines dont Jacqueline, «la Lopez» et Monsieur le curé. Et le goût de M-T P-N-B pour les rosseries, on ne se refait pas. Mais quand l’amour la saisit, Marie-Thérèse virevolte, exaltée, passionnée.

Dans une ambiance très music-hall – elle chante souvent, et fort bien -, elle imprime sur des chansons connues son tourbillon existentiel. «My heart belongs to Daddy» de Marilyn Monroe devient ainsi très logiquement «J’ai donné mon cœur à Rudi».

«Il irradie, Rudi. Il est grand, costaud, bien coiffé. Une espèce de Franco Knie, sans les éléphants, mais avec la trompe», s’enthousiasme la dame, plus friponne que jamais. Tous ses sens en feu, elle découvre un certain nombre de «perversions» que la morale réprouve et que le corps aime tant, de l’usage de la «petite porte» aux joies du «cumulo-nimbus». Vous situez?

L’existence autonome de Marie-Thérèse

Marie-Thérèse Porchet-née-Bertholet fonctionne sur le principe du reflet. Plutôt Zouc que Bedos, même si la comparaison est osée. Que ce soit dans son hypocrisie chronique, dans son égoïsme forcené ou dans sa grivoiserie hard mais pas trop, chacun peut se retrouver en elle. Ou plutôt retrouver une voisine, une cousine, une tante, c’est plus aisé.

Mais au-delà de cette recette éprouvée et du travail incontestable réalisé par le tandem Gorgoni/Naftule, comment expliquer le succès de Marie-Thérèse? Comment expliquer, dans cette Suisse romande réputée coincée, l’impact de ce personnage égocentrique et obsédé, travesti de surcroît?

«Les gens ne voient pas un travesti, ce dont je suis assez fier d’ailleurs», répond Joseph Gorgoni. «Ils oublient que je suis un homme. Marie-Thérèse, c’est Marie-Thérèse. S’il y avait vraiment un côté ‘travelo’, je pense que ça marcherait moins».

Marie-Thérèse existe donc vraiment. La preuve? Le public l’a retrouvée jeudi soir.

Bernard Léchot

«Marie-Thérèse amoureuse», au Casino-Théâtre du Locle jusqu’au 24 février. Puis à Morges, Lausanne, Neuchâtel, Fribourg, Yverdon, Gland, Genève, Montreux, Bulle, Lausanne, Porrentruy, Avenches, Sion.

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