Paul Simon au Montreux Jazz Festival

Paul Simon a réussi à faire aussi bien en solo qu'avec son compère Art Garfunkel. Keystone Archive

En duo comme en solo, l'artiste américain a superbement marqué la pop music. L'ancien chanteur-guitariste romand, Michel Buzzi, s'en souvient.

«Depuis toujours, Paul Simon est, pour moi, l’un des plus remarquables auteur-compositeurs musiciens de la chanson au sens large du terme, déclare Michel Buzzi, aujourd’hui responsable de la programmation musicale d’Option Musique, chaîne de la Radio Suisse Romande.

Et l’ancien chanteur-guitariste romand de poursuivre: «Après le raz-de-marée qu’avaient provoqué les Beatles chez la plupart des mélomanes, Paul Simon a été ma plus grande révélation musicale».

Réplique de duos folks

Si aux Etats-Unis, et très vite de par le monde, Simon & Garfunkel est devenu un duo légendaire dans les années 1965-70, Gaston Schaefer (actuel présentateur de la météo sur La Première) et Michel Buzzi ont été leur honorable réplique à l’échelle romande entre 1976 et 1981.

«Notre duo fut inévitablement très inspiré par Simon & Garfunkel», reconnaît l’ancien compositeur Michel Buzzi. Ils jouaient sur le même registre: ballades à deux voix avec accompagnement à la guitare folk.

Mais lorsque Paul Simon débuta sa véritable carrière solo, nombre de critiques ont douté qu’il fût capable de réussir aussi bien qu’il l’avait fait avec son ami Art Garfunkel dans les années 1965-70.

Métissage avec la face cachée du monde

Or, «dès son premier album éponyme en 1972, Paul Simon s’est ouvert aux autres cultures musicales du monde», relève Michel Buzzi. Il fut l’un des premiers à intégrer des instrumentations métissées, particulièrement des rythmes africains, sud-américains ou de la Jamaïque (reggae)».

«C’est Paul Simon qui me fit découvrir les musiques de l’hémisphère Sud», précise Michel Buzzi. «Dans ses albums, on remarque qu’il est constamment à l’écoute de la face cachée de la planète».

«Paul Simon a aussi su se faire accompagner par de grands musiciens de jazz, poursuit Michel Buzzi. Des pointures comme Steve Gadd que je n’aurais sans doute jamais découvertes si je ne l’avais pas écouté».

Et même si Art Garfunkel avait une voix exceptionnellement belle, Paul Simon a toujours été pour Michel Buzzi un très bon chanteur et un excellent guitariste acoustique. «C’est grâce à lui que j’ai découvert des harmoniques inhabituelles», note Michel Buzzi.

Un compositeur par excellence

«Mais Paul Simon fut surtout l’un des meilleurs compositeurs ou mélodiste de tous les temps», s’enflamme M. Buzzi. Qui ne se souvient pas de «The Sound Of Silence» ou «Bridge Over Trouble Water» en duo. Ou de «Slip Slidin’Away» et «50 Ways To Leave Your Lover» en solo?

Et «même si la séparation du fabuleux duo américain provoqua en moi un petit pincement au cœur, reconnaît Michel Buzzi, je n’ai jamais été déçu par la carrière solo de Paul Simon».

La carrière du petit homme à la guitare pourrait se résumer en trois phases: sa période contestataire contre la politique américaine d’avant 1970 en compagnie de Garfunkel, puis sa prise de risque musicale en solitaire au travers du métissage et enfin son observation du monde.

Les chansons de Simon se déclinent comme des rythmes trépidants des quatre coins du globe sur lesquels viennent se greffer une voix raffinée, toujours douce et limpide. Comme un ange de paix qui survolerait la vaine folie de l’humanité en distillant de savoureuses mélodies.

swissinfo/Emmanuel Manzi

Paul Simon en concert à l’Auditorium Stravinski lundi 20h30