Grâce royale posthume pour un mathématicien britannique gay
(Keystone-ATS) Le mathématicien britannique Alan Turing s’est vu accorder la grâce royale mardi à titre posthume. Il avait été condamné pour homosexualité en 1952. Mort deux ans plus tard, ce cryptologue a joué un rôle décisif en brisant les codes de la machine Enigma des sous-marins nazis.
Considéré comme « l’Einstein des mathématiques », ce pionnier de l’informatique est mort à 41 ans. Il a été empoisonné au cyanure, sans que la thèse généralement retenue du suicide n’ait jamais été formellement prouvée.
Il avait été condamné en 1952 pour « outrage aux bonnes moeurs » et contraint à la castration chimique en raison de son homosexualité. Celle-ci était illégale au Royaume-Uni jusqu’en 1967.
Durant sa courte existence, Alan Turing sera parvenu à poser les fondations de l’informatique moderne et à définir les critères de l’intelligence artificielle encore en vigueur aujourd’hui. Ainsi, le fameux « test de Turing » se fonde sur la faculté d’une machine à tenir une conversation.
Pour le grand public, son plus haut fait d’armes est d’avoir réussi à « casser » les codes de la machine Enigma utilisés par les sous-marins allemands croisant dans l’Atlantique Nord pendant la Seconde Guerre mondiale. Certains historiens estiment que ce coup de génie a précipité la chute d’Hitler, qui autrement aurait pu tenir un ou deux ans de plus.
Condamnation annulée
Alan Turing a été gracié mardi, 59 ans après sa mort, par la reine Elizabeth II sur proposition du ministre de la Justice Chris Grayling. Ce dernier a évoqué un homme exceptionnel avec un esprit brillant.
« Sa vie a plus tard été assombrie par sa condamnation pour homosexualité, condamnation que nous considérerions aujourd’hui comme injuste et discriminatoire, et qui est désormais annulée », a-t-il déclaré.
Un excentrique timide
En 2012, l’année du centenaire de la naissance de Turing, onze scientifiques britanniques, dont Stephen Hawking, avaient demandé l’annulation de la condamnation de celui qu’ils qualifiaient de « mathématicien le plus brillant de l’époque moderne ».
Né à Londres en 1912, Alan Turing était un excentrique timide. Il lui arrivait de porter un masque à gaz pour éviter le rhume des foins lorsqu’il faisait du vélo.