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Irlande du Nord: accord entre républicains et unionistes

L'Irlande du Nord, ici la capitale Belfast, est sans gouvernement ni Parlement depuis 2017 (archives). KEYSTONE/AP/PETER MORRISON sda-ats

(Keystone-ATS) Unionistes et républicains sont parvenus vendredi in extremis à un accord mettant fin à trois ans de paralysie politique en Irlande du Nord. Cette province britannique, en première ligne du Brexit, est sans gouvernement ni Parlement depuis 2017.

Le DUP et le Sinn Fein, principaux partis en Irlande du Nord, ont validé le projet d’accord publié jeudi soir par le gouvernement britannique, qui offre pour la première fois une reconnaissance officielle à la langue irlandaise. Faute de consensus d’ici lundi, Londres avait prévu de convoquer des élections locales.

« Le Sinn Fein a décidé de réintégrer le système de partage de la gouvernance de la province », tel qu’il est prévu par l’accord de paix du Vendredi saint de 1998, « et de nommer des ministres dans un gouvernement fondé sur le partage du pouvoir », a déclaré Mary Lou McDonald, la cheffe de ce parti républicain.

« Nous sommes prêts à retourner aux affaires », a-t-elle ajouté devant la presse, saluant « un jour historique ».

Compromis « juste et équilibré »

Sa formation a ainsi emboîté le pas à la cheffe du DUP Arlene Foster, parti unioniste en perte de vitesse depuis les élections législatives britanniques de décembre, qui avait salué un compromis « juste et équilibré ».

« C’est un accord qui reconnaît que nous vivons dans une société partagée, c’est un accord qui reconnaît qu’aucune identité ne devrait prendre le dessus sur une autre », a-t-elle développé sur la BBC. Il n’a pas été précisé quand l’Assemblée de Stormont, à Belfast, allait de nouveau siéger ou quand le nouveau gouvernement serait formé.

Le DUP et le Sinn Fein doivent se partager la gouvernance de la province britannique, en vertu de l’accord de paix du Vendredi Saint de 1998, qui a mis un terme aux « Troubles » entre républicains (majoritairement catholiques) et unionistes (surtout protestants). Ces violences ont fait près de 3500 morts en 30 ans.

Un scandale politico-financier avait fait tomber la précédente coalition gouvernementale en janvier 2017 et plusieurs séries de négociations n’avaient pas permis de lever le blocage. De nouvelles discussions avaient repris mi-décembre, après la victoire des conservateurs aux législatives.

« Historique »

« Le défi le plus grand et le plus important est d’assurer que nous ayons un véritable partage du pouvoir fondé sur l’égalité, le respect et l’intégrité », a commenté Mary Lou McDonald.

L’enjeu est d’autant plus crucial que l’assemblée locale, actuellement paralysée, est censée avoir son mot à dire dans les dispositions douanières controversées visant à éviter le retour d’une frontière physique avec la République d’Irlande (membre de l’Union européenne) après la sortie du Royaume-Uni de l’UE le 31 janvier.

L’accord offre une reconnaissance légale à la langue irlandaise et prévoit d’accélérer le fonctionnement de la justice ou encore des mécanismes pour lutter contre la corruption. C’est « un jour très, très important et historique, pas seulement pour ceux qui parlent l’irlandais, mais pour la reconnaissance de l’identité irlandaise », a salué Mary Lou McDonald.

Des investissements prévus

Le gouvernement britannique a aussi promis des investissements pour les services publics de la région, la plus défavorisée économiquement du Royaume-Uni, conditionnés au rétablissement des institutions locales. Un porte-parole du Premier ministre avait dit que le montant de l’enveloppe ne serait communiqué qu’une fois l’accord conclu.

La République d’Irlande avait publié conjointement avec le Royaume-Uni le projet d’accord, reflétant ainsi leur rôle de « co-garant » dans l’accord de paix. Ces ultimes discussions avaient pour cadre un paysage politique en mouvement sous l’effet du Brexit, contre lequel ont voté la majorité de la province britannique frontalière de la République d’Irlande.

Aux législatives britanniques de décembre, la province a élu pour la toute première fois à Westminster plus de députés républicains (9, dont 7 pour le Sinn Fein et 2 pour les sociaux-démocrates du SDLP), partisans d’une réunification avec l’Irlande, que d’unionistes du DUP, favorables à un maintien dans la Couronne britannique.

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